Le souci majeur de ce Spy game, c’est qu’il n’a pas grand-chose à raconter. Un agent de la CIA a mené seul une mission et son mentor tente de le tirer de là alors que les États-Unis préfèrent l’abandonner à son triste sort. A partir de là, Tony Scott joue les prestidigitateurs à grands renforts de flash-back dans les quatre coins du monde refaisant le fil du lien noué entre Robert Redford (dont c’est le dernier jour au bureau) et Brad Pitt qui s’est mis dans de sales draps. Lumières blanches, refus de toute psychologie, arrêts sur image en noir et blanc avec affichage du temps écoulé, montage très serré, la mise en scène ne nous épargne pas grand chose, ce qui est, par moments, particulièrement agaçant. Dénonçant les cynismes de tous bords, Tony Scott brosse un portrait sans concession de l’univers de l’espionnage mais ne raconte rien alors qu’on attend une histoire et, le connaissant, un peu d’action.
Pour le coup, on n’a quasiment ni l’un ni l’autre. Si certains passages sont intéressants, ils sont peu nombreux à avoir quelque chose à dire, et l’intrigue générale repose sur une banale histoire d’amour aussi épaisse qu’une feuille de papier à cigarette. Le coup du vieux roublard qui réussit à rouler tout le monde dans son service (autrement dit toute la CIA quand même), on nous l’a déjà fait cent fois et ce n’est absolument pas crédible. C’est bien là le souci du film de Tony Scott : il veut presque faire un film au style documentaire pour dénoncer un monde impitoyable et nous sert une histoire qui ne tient pas la route.
Forcément, comme elle ne tient pas la route, elle ne tient pas la distance et encore moins en haleine, et la fin pompeuse nous rappelle combien ce film veut donner l’impression qu’il se passe quelque chose alors qu’il ne se passe presque rien. Un sacré tour de passe-passe qu’il faut cependant saluer en même temps que son duo d’acteurs.