Je raffole de deux choses : les films d'action, et les films avec des animaux anthropomorphes, alors si les deux sont réunis en un seul, je suis déjà conquis ! Mais bon c'est bien beau d'avoir l'attention d'un spectateur mais encore faut-il que le film soit satisfaisant, alors je suis venu, j'ai vu et j'ai été impressionné !
Spycies démontre dès sa scène d'ouverture incroyablement énergique qu'il ne prend pas l'action à la légère, et c'est sa plus grande qualité !
Honnêtement, j'ai rarement vu un film d'animation et d'action avec des combats aussi intenses depuis Kung-Fu Panda et l'incontournable Killer Bean Forever ! La scène de l'attaque des drones sur la plateforme est sans aucun doute la plus palpitante ! Il y a bien longtemps que je n'avais autant ressenti cette sensation d'excitation que je recherche en regardant des films d'action.
Et à force d'en regarder, j'ai compris que l'un des nombreux ingrédients pour en réussir un était la diversité, et Spycies ne l'a pas oublié !
Courses-poursuites à grande vitesse, combats d'armes à feu explosifs, et surtout combats d'arts-martiaux, qui sont pour moi les plus réussis !
Les chorégraphies sont magnifiques et ingénieuses car elles prennent en compte la présence d'animaux dans ces combats. Ainsi, leurs capacités et morphologie sont utilisées de manière assez réaliste et surprenante : les griffes d'un chat, la rapidité d'un lapin et le crocodile utilisant sa queue pour faire tomber son adversaire. À ces affrontements sont joints quelques cris d'animaux. Et tout ceci sublimé par une bande originale survitaminée !
Moi qui rêve de devenir réalisateur pour faire un film d'animation et d'action avec des animaux anthropomorphes, il faut que je prenne des notes !
Au niveau des animations, tout est très aboutit !
Le design des personnages est expressif et élégant, à part pour le crocodile qui n'est pas très réussi. Leurs mouvements sont très fluides et de nombreuses poses déchirent !
Les décors sont détaillés et certains assez spectaculaires comme la plateforme arborant une parabole d'une taille vertigineuse avec les personnages à côté qui servent d'échelle, ou encore le secteur secret de l'hôpital envahit par la végétation où se déroule une autre scène d'action.
Le style futuriste est parfois très mis en valeur au niveau des véhicules et des armes afin d'apporter un peu d'originalité, même si il est globalement un peu laissé de côté. Peut-être est-ce un choix pour nous montrer que ce monde n'est pas futuriste mais simplement alternatif.
L'univers des animaux anthropomorphes n'est pas parfait. Comme ils font tous la même taille (même les insectes) cet esprit de coexistence que l'on retrouve dans ces histoires est peu présent car les décors ne reflètent pas beaucoup ce monde. Je ne pense pas forcément à l'esthétique surréaliste de Zootopia visant à rendre le plus visible possible la différence entre animaux. Le manga Beastars et le film Animalympics tentent un style plus réaliste.
Mais heureusement, ce film n'oublie pas la présence de ces animaux, à l'inverse de cette daube de Cendrillon au Far-West où limite tu remplaces tous les animaux par des humains et on ne voit même pas la différence. Spycies explore légèrement les relations animales, nous apprenant notamment que dans leur univers, certains noms sont plus communs à certaines espèces que d'autres. En effet, le héros Vladimir Willis qui est un chat s'infiltre sous la fausse identité de Rex, et de nombreux personnages lui font la remarque
Rex ? C'est un nom de chien ça
Et le sujet des noms d'animaux anthropomorphes, c'est une bonne idée ! Je n'y avais encore jamais pensé et n'avais jamais vu une œuvre en parler !
De son côté, le placement des espèces semble un peu aléatoire à part quelques exceptions. Un tigre dans le rôle d'un motard, pourquoi pas ?
Cette critique ne contient pas de spoilers mais dévoile de nombreuses blagues, continuez à vos risques et périls !
Le scénario est malheureusement un problème. Très simple et parfois un peu vide. Il y a des phases qui sont très prenantes et où l'intrigue avance bien, et ensuite ça s'assoupit. Je pense surtout à celle où les personnages s'infiltrent dans l'hôpital pour enquêter qui est la partie la plus ratée. C'est long, ça enchaîne de nombreux gags pour remplir. Certains sont très réussis, et d'autres beaucoup moins comme lorsque l'un des agents, le rat Hector, est piégé dans le secteur psychiatrique avec une poule qui se prend pour James Bond. Tout ça pour introduire quelques personnages. Heureusement ça finit par avancer de nouveau, et mine de rien il y a de bonnes idées ! L'introduction progressive du message écologique et la remise en question des personnages qu'il entraîne est correcte. Ce message n'est pas très subtil mais au moins présenté avec sérieux, et à chaque fois je parle de message écologique, je cite toujours deux films : Birdemic, le film ou le message n'est ni subtil ni impactant, et Rango qui est le film avec le message écologique le plus incroyable que j'ai vu de toute la vie ! Grâce à sa subtilité !
Mais il y a aussi des idées bien moins originales qui traînent dans les parages, notamment l'identité du véritable méchant.
Pourtant ce méchant reste très réussi car ses motivations et son passé sont développés de manière très sérieuse et fortement bien trouvés ! Au niveau des autres personnages, il y a des hauts et des bas. Le duo d'espions Vladimir le chat et Hector le rat fonctionne bien malgré le fait que l'évolution qu'ils vont subir durant l'aventure n'est pas très profonde (en gros, au début ils s'entendent pas, et à la fin ils apprennent à devenir amis). Petite morale sympathique sur le travail d'équipe. Si l'alchimie des personnages n'est pas très poussée, ils restent attachants ! Chloé la lapine est sans doute le meilleur personnage du film ! Badass, surprenante et étonnement crédible ! En plus portée par une comédienne de doublage très investie ! Vladimir tient assez bien à l'écran, il est surtout génial dans ses scènes d'action !
- Où as-tu appris à te battre comme ça ?
- J'ai été élevé au Temple Shaolin !
Hector est bon mais souffre de stéréotypes assez imposants (les nerds vont se sentir insultés), et Monsieur Poulpe n'est franchement pas un acteur très convaincant.
L'ours professeur aurait mérité plus d'attention, et Mia ne sert strictement à rien. Un problème qui saute aux yeux est le fait que seuls les protagonistes sont sur le devant de la scène, alors tous les animaux de l'arrière-plan sont globalement là pour faire jolis, où faire rire. Je n'exige pas qu'ils aient tous une réplique, seulement ils ne sont pas assez humanisés. Ça aurait été bien de mettre dans le couloir de l'hôpital un personnage triste car il s'inquiète pour un proche. Je sais que c'est aussi cliché que le barman qui essuie un verre mais ce film aime les clichés !
Cependant il y un autre duo de personnages que j'ai bien aimé pour son humour. Cap le renard habillé avec le costume jaune à rayures noires de Bruce Lee dans Le Jeu de la Mort et son ami le serpent-dragon. Déja que le renard est mon animal spirituel et en plus il porte le plus beau pyjama rayé du monde !
Ces deux personnages sont la principale source d'humour du film, et pour ma part, les blagues ont vraiment bien fonctionné sur moi ! Le loup qui hurle à chaque fois que la lumière s'éteint m'a beaucoup fais rire, mais le serpent qui s'enroule dans les engrenages et se transforme en dragon incontrôlable après avoir bu du café m'a tué ! C'est sans doute le personnage le plus drôle du film. Tout en lui me faisait rire, sa voix et ses répliques !
- Le bleu va avec le bleu !
- Non, le bleu c'est avec le rouge
C'est un film globalement assez déjanté mais qui arrive à se maîtriser et ne donne jamais l'impression de partir en vrille. La scène de l'attaque des abeilles qui forment une tornade sentait le grand n'importe quoi et pourtant elle arrive à créer un climax dans le ton du film (c'est pas un Sharknado, c'est un Beenado !).
Le film ne se prive pas non plus de nombreuses références cinématographiques. La mallette de Pulp Fiction m'a également amusé et la course-poursuite de Skyfall en motocycle sur les toits faisait plaisir aux yeux. Malheurseusement, certaines sont aussi beaucoup trop appuyées et même intégrées au scénario, ce qui fait basculer le clin d'œil dans la copie, tel que l'hôpital dans le James Bond Meurs un Autre Jour. Prenez exemple sur le film d'animation Les Incognitos sorti en 2019 qui gère à la perfection ses références cinématographiques !
Malgré de nombreux défauts, Guillaume Ivernel compense en nous livrant une réalisation superbement bien rythmée, dynamique durant les scènes d'action et aussi très belle quand l'atmosphère est calme. De nombreux plans m'ont marqué par leur composition soignée et l'étalonnage harmonieux. Déjà dans Chasseurs de Dragons en 2008 on retrouvait ces plans très colorés avec les personnages face aux paysages.
En résumé, Spycies a aussi bien des qualités que des défauts. Pas vraiment aussi bon que je l'imaginais à cause du scénario parfois trop court pour tenir tout le film, mais il possède aussi des choses qui m'ont plues. Mon obsession pour les animaux anthropomorphes et les film d'action m'a sûrement rendu plus clément avec lui, et sur ces points, il a brillamment réussi ! Il n'est pas des plus marquants, mais il m'a rendu heureux. J'ai beaucoup ri, j'ai eu le souffle coupé devant les combats et j'ai apprécié d'y voir des animaux anthropomorphes alors qu'en général quand j'en vois, soit je regarde Kung-Fu Panda, ou je suis dans mon lit en train de rêver. J'ai aimé défendre ce film !