George Pan Cosmatos est au mieux un solide technicien, au pire un gentil tacheron. Les deux opinions trouvent leur point de convergence avec ce Massacre in Rome.
Tourné dans la ville éternelle même, cette co-production Franco-Italienne a une distribution sympathique avec en tête Richard Burton, en officier Nazi, et Marcello Mastroianni, en prêtre catholique idéaliste. Fort de ces atouts et d'une direction artistique solide, Cosmatos soigne ses plans, mettant tantôt les Allemands en valeur (les déplacements en colonne à travers la ville), tantôt les autorités ecclésiastiques (intérieurs bourrés d'œuvres d'art). L'honnête partition de Morriconne, tendance Bataille d'Algers du pauvre, achève de faire de Massacre in Rome un long métrage techniquement satisfaisant.
Le problème, c'est qu'en dépit de cette belle fiche technique, on ne ressent pas grand chose durant les 100 minutes que dure le film. Il suffit de comparer Massacre in Rome avec Section Spéciale, au sujet similaire, pour se rendre compte du gouffre qui sépare Cosmatos d'un réalisateur de la trempe de Costa-Govras. Là où Section Spéciale analyse avec intelligence les mécanismes de la déresponsabilisation et de mise en place d'une dictature, le tout en n'oubliant jamais le drame humain, Massacre in Rome se traine laborieusement, invoquant Dieu et la morale sans jamais dépasser le stade du superficiel. Seuls Burton et Mastroianni parviennent à sauver les meubles et à injecter un minimum d'émotion et de conviction à leurs personnages.
Par la suite, Cosmatos versera dans un esprit comic-book de plus en plus marqué. Un univers qui lui conviendra bien mieux que celui des drames historiques.