La fine fleur du cinéma anglais se réunissait il y a 10 ans pour ajouter un épisode à l'une des sagas cultes du patrimoine briton, démarrée en 1954 avec The Belles of St Trinian's. Le projet est porté par Oliver Parker et Barnaby Thompson, un duo responsable de quelques honnêtes films en costumes dans les années 90.
Quant à savoir si ce St Trinian's se montre digne de ses prédécesseurs, je laisse ça aux spécialistes. Une chose est certaine, c'est qu'au regard du casting il y avait moyen de faire largement mieux. La première partie du film, un désastre total, laisse même augurer du pire. Réalisation consternante à tous les étages, humour affligeant, photo plutôt dégueu, rien ne nous est épargné. Heureusement la deuxième moitié prend des directions bien plus digestes en servant un double suspense sympatoche qui permet à tous les acteurs de faire leur numéro.
Alors on va pas se le cacher, ça cabotine sec. Cela dit, tout ce beau monde s'est fait plaisir et ça se sent. Oui, ça fait quand même mal de voir Colin Firth, Rupert Everett, Lena Headey, Toby Jones, Stephen Fry, Jodie Whittaker, Anna Chancellor ou encore Celia Imrie se vautrer dans un scénario aussi bas du front, mais dans le même temps toutes ces guests de luxe font preuve d'une auto-dérision typiquement anglaise qui force le respect.
Face à ces stars chevronnées, la bande de filles s'en tire avec les honneurs, mais avec des fortunes diverses. Gemma Arterton hérite d'un rôle bien badass, Lucy Punch excelle dans un registre qu'elle maîtrise, et les Posh Totties emmenées par Tamsin Egerton amènent les touches d'humour les plus inspirées (on va pas trop en demander). A contrario, l'héroïne Talulah Riley peine à montrer la moindre qualité d'actrice, tandis que certaines têtes connues comme Juno Temple ou Lily Cole en sont réduites à de la stricte figuration.
Sur la cible visée par le film (les teenage girls), nul doute que St Trinian's a fait et fera encore son petit effet. Elles pourront même y retrouver leur ex-groupe préféré, les Girls Aloud, qui y interprètent l'un de leurs plus grands playbacks. Pour tous les autres, ça risque d'être un peu plus pénible. Mais si l'idée de voir George VI flirter avec Francesco Dellamore ne vous rebute pas, alors il y a de quoi prendre un brin de plaisir coupable.