Jean-Jacques Annaud s'est imposé comme un poids lourd du cinéma international depuis Coup de tête (1979), proposant des films audacieux (Le nom de la rose ou La guerre du feu) comme polémiques (le très gourmand croquant L'amant et le pro Dalaï-Lama Sept ans au Tibet). En 2001, il revenait sur la bataille de Stalingrad survenue entre juillet 1942 et février 1943 en se focalisant sur l'affrontement de deux snipers, l'un soviétique, l'autre nazi joués par Jude Law et Ed Harris.


Si la vérité historique n'est pas toujours là (l'existence même du sniper nazi est régulièrement contestée, évoquée parfois comme un homme inventé par la propagande soviétique), le film n'en reste pas moins fascinant. Chaque camp est alimenté par la propagande de sa nation, poussé jusqu'à la folie furieuse, au point de se faire passer pour mort pour mieux déstabiliser l'adversaire. Des personnages poussés à bout par un affrontement long et sous tension, où il peut se passer quelque chose à tout moment.


L'idéologie importe peu dans le combat même, en revanche il est bel et bien présent en dehors du front, les snipers ayant une pression folle sur le dos. Celle de leurs nations qui n'hésiteront pas à les faire passer à la casserole s'ils ne font pas ce que les politiques demandent. A ce titre, le début du film est assez édifiant, montrant des soldats soviétiques se faire tuer pour l'exemple s'ils ne veulent pas aller au front ou désertent.


Stalingrad dévoile aussi bien une bataille à distance au suspense incroyable qu'une bataille médiatique, montrant toute la différence entre ce qui est raconté et ce qui est vécu par les soldats. On la voit notamment avec la relation qu'entretient le sniper soviétique avec le personnage de Joseph Fiennes, politique façonnant l'image du soldat pour en faire un véritable héros de guerre via la propagande, quitte à ne pas lui évoquer certaines choses pour qu'il soit plus efficace. Le triangle amoureux entre les personnages de Law, Fiennes et Rachel Weisz peut parfois paraître de trop, mais il permet un peu de répit entre les affrontements, d'autant que Tania Tchernova est l'occasion d'évoquer le cas des femmes soldats sur le front soviétique.


Stalingrad s'impose comme un grand film de guerre avec un casting excellent (les quatre acteurs principaux sont en pleine forme, tout comme Bob Hoskins en Nikita Khrouchtchev). Une grosse production (70 millions de dollars) où l'argent se voit à l'écran à travers une reconstitution incroyable et un bon lot de séquences spectaculaires. Soulignons enfin que l'ost de James Horner est une prémisse plus qu'évidente à celle qu'il fera pour Avatar en 2009.

Borat8
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le 15 avr. 2020

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