Le réalisme et la niaiserie ; tel est le vrai conflit de ce film.
L'affiche de Stalingrad était alléchante ; le passage de Jean - Jacques Annaud au film de guerre et le face à face entre Jude Law et Ed Harris semblait prometteur.
Quelle déception au final.
Annaud nous livre une plongée parfaitement réaliste dans cette bataille monumentale. Le destin tragique des soldats (mourir tué par les allemands ou mourir tué par les soviétiques) est très bien mis en scène. C'est très bien fait et ce point est indéniable. A la manière d'un Spielberg (mais sans son brio et la verve de sa caméra), le français nous livre un début de film à la hauteur de nos espérances.
Mais tout chavire. Le réalisme s'enlise dans une intrigue classique et niaise qui dessert totalement la puissance des première images. Même si les acteurs sont bons, les personnages qu'ils incarnent ne le sont pas. La farouche intellectuelle qu'incarne Rachel Weisz se transforme en amoureuse tristement fade, Jude Law, le génie du tir, est bien trop peu exploré, et le persnnage de Joseph Fiennes est d'une inutilité totale. Son combat intellectuel, sa jalousie envers l'amour de son meilleur ami, son sacrifice final,... tout est vu et revu et devient presque lassant.
Seul Ed Harris tire son épingle du jeu en incarnant royalement le rôle de ce sniper allemand. Mais son personnage souffre lui aussi d'un caractère bien trop "méchant" pour être crédible.
L'intrigue est superficielle et cousue de fils rouges gros comme des câbles de téléphérique (étrange métaphore que voilà) et le tout est étouffé par la musique assourdissante, lourde, omniprésente et insupportable d'un James Horner en petite forme. Si bien qu'on en vient à apprécier les moments de silence.
Bref le film est en soit une pure déception tant le duel entre deux grandes gueules s'avère d'une niaiserie dont on se serait bien privé au profit d'un film de guerre sublime et réaliste.