Je ne peux pas m'empêcher de comparer l'émotion ressentie devant Stalker à celle de faire ses courses le samedi après-midi à Ikea.
C'est un endroit à la fois familier et étrange, où on passe plusieurs fois au même endroit, où tout est possible et où la moindre erreur peut vous coûter la vie (si vous prenez la caisse qu'avance pas par exemple). Et sans spoiler, je suis sûr que c'est arrivé a plein de gens de se trouver dans la même situation que les personnages à la fin du film.
Plus sérieusement, le film est tout bonnement sublime. Le jeu sur le cadre, les couleurs, la profondeur de champ n'a d'égal que la beauté étrange des décors de la Zone.
C'est une oeuvre qui demande, à l'instar de ses protagonistes dans la Zone, qu'on s'y perde. Qu'on se perde dans la contemplation de la vie mi sauvage mi machine de la Zone, dans les tirades à rallonge de l'écrivain, dans l'avancée laborieuse des 3 compagnons que l'on suit s'embourber et s'empêtrer tout autant littéralement que philosophiquement.
Bon par contre, niveau personnage féminin, on est pas au top, avec une vision qui passe assez difficilement de la relation de couple en ce qui me concerne (pour ça que je mets 9). J'ai eu beaucoup de mal avec une des interprétations historiques de l'oeuvre sur la place de l'artiste dans la société, mais c'est ça que j'aime dans les chefs d'oeuvres : il a une existence propre.
En tout cas, ça vaut le coup d'aller se paumer dans la Zone, à vous d'y chercher ce que vous voulez y trouver.