Il serait arrogant d'analyser un tel film, je vais donc essayer de décrire les effets qu’il a eu sur moi.
Non habitué du cinéma russe , particulièrement de cette époque j'ai été étonné d’observer qu'en plus d'être plaisant visuellement et d'avoir une impressionnante mise en scène le film possédait un jeu d'acteur extrêmement qualitatif.
La mise en scène du film donne une approche hypnotisante voir onirique cependant Tarkovski insère quelques plans cassant le film permettant aux spectateurs de réfléchir et d'interpréter les différentes scènes.
La lenteur du film peut être considérée comme un défaut mais elle est en réalité son outil.
Elle donne un poids au film qui est avant tout un voyage sur des thèmes lourds comme la foi, la souffrance, le doute..
Cette lenteur donne une forme de légitimité au film, ces thèmes ne sont pas abordés en surface ou en vitesse. Tarkovski crée un long voyage sur des protagonistes perdus dans la peur et les doutes.
Et c'est avant tout intrinsèquement que le film m'a marqué. Son thème principal étant: “qu’est ce que l'on désire vraiment”. Pas ce dont on a besoin ou ce que l'on veut montrer aux autres non. Ce que l'on désire. En réfléchissant je suis moi même venu à la même conclusion que les protagonistes, je préfèrerais ne pas rentrer dans la Chambre ayant moi même peur de ce que je désire véritablement. Imaginant que ce soit quelque chose qui nuise à autrui ou pire que ce soit quelque chose de superficiel remettant même mon intégrité en question.
C'est donc un film sur le doute et ce dont use l'humain pour l'affronter. Pour le guide c'est à l'aide de cette forme de foi qui lui permet d'être heureux dans la zone en pensant rendre service aux autres.
Pour le scientifique c’est en pensant que s'il accomplit tout ce périple c’est uniquement pour la science. Nous apprendrons par la suite qu’il souffre de complexe vis à vis de son collègue de travail. De même lorsqu’il sort la bombe afin de détruire la Chambre et qu’il n’ose pas rentrer.
En effet s’il voulait vraiment détruire la Chambre il n’aurait nul besoin de cette bombe….
Ainsi tout comme le docteur, il est pétri de doutes.
L’écrivain lui, n’a plus d'inspiration et s’il entre dans la Chambre pour en acquérir il ne serait plus vraiment lui-même. C’est de cela dont il a peur et s’agit là d'un doute différent de celui de ses camarades . Il est d’ailleurs le personnage le plus lucide sur sa personne et son sort. Nous pouvons voir cela comme Tarkovski glorifiant le rôle d’un artiste dans une société.
Une société certes très réduite étant donné qu’ils ne sont que trois mais une société tout de même.
Et dans ce tourbillon de doutes et de mystères, Tarkovski y intègre tout de même beaucoup d'espoir.
Notamment via l'amour, celui inconditionnel de l'épouse du guide envers ce dernier ( le discours qu’elle proclame face au spectateur)
Mais surtout l'espoir envers la jeunesse, la fille du guide ayant des pouvoirs à la fin du film.
J'ai personnellement interprété cela comme le fait que malgré ses doutes sur lui-même et sa foi, le guide décide tout de même de privilégier sa famille. Finalement la Chambre réalise ce qu'il désire vraiment malgré qu'il ne soit pas entré dedans.
Cela apporterait une forme de rédemption pour le personnage du guide mais aussi un ode à l'espoir de Tarkovski pour la jeunesse.
Stalker dépeint un monde décadent composé de personnages ne méritant aucune bénédiction ou miracles. Et alors qu’on apprend que les enfants des Stalkers sont tous maudits, on s'aperçoit que la fille du guide est elle béni. Malgré son handicap, elle est la seule à être digne d’un miracle.
Stalker est probablement mon film préféré