Qui comprend qu'il n'y a rien à comprendre a tout compris

C'est à la suite d'une discussion fleuve avec mon ami et éclaireur cinématographique pointilleux et pointilliste Morrissey (ici présent) que je lance à la découverte du fameux Tarkovski. Il faut dire que mon copain cinéphile ne tarit pas d'éloge sur les émotions générées par le cinéma de Tarkovski, ses plans efficaces et puissants, sa vision des choses...
Pour une première approche, j'ai choisi Stalker, oeuvre au synopsis et à l'affiche auréolés de mystère qui attendait son heure depuis des mois dans les arcanes de ma vidéothèque.


Stalker nous plonge dans une zone atemporelle, industrielle, désertique et triste. L'image de ces années 70 en sépia renforce encore l'impression de crasse qui s'en dégage. Le réalisateur introduit rapidement les protagonistes, qui se rencontrent dans un troquet miteux : le guide appelé "stalker", un écrivain et un professeur. S'en suit une épopée contemplative et toujours entourée de mystère vers puis dans la Zone, où se trouve la Chambre des désirs. Cette chambre des désirs permet théoriquement de réaliser les voeux les plus profonds de ceux qui y pénètrent.
Nous ne saurons pas grand chose de plus sur les personnages, ni sur les raisons de leur quète. Ce n'est pas là que veut nous emmener Tarkovski. En revanche, ce périple est prétexte à une alternance de phases de découverte et d'entractes philosophiques entre des hommes qui se divisent, se bagarrent puis se fédèrent à propos du sens de la vie et finalement du sens même de leur voyage.


Stalker se regarde comme on vit un voyage initiatique, de l'ombre à la lumière, du sépia dans le monde "réel" à la couleur qui apparait éclatante dans la Zone. L'une de ses plus grandes forces à est mon sens dans l'entretien d'un mystère permanent, jusqu'au tout dernier plan. Des plans fixes d'ailleurs exceptionnels, qui berçent le spectateur au rythme des zooms pour accompagner le regard dans des scènes figées ou le temps semble ne pas avoir d'emprise. Abordant de nombreux sujets profonds sur l'Homme et sa nature, la fin nous amène finalement à méditer sur notre rapport à la foi et sur le sens de nos désirs profonds.


Morrissey m'avait parlé de Tarkovski comme étant un cinéaste qui arrive à générer des émotions avec peu de choses, comme étant activiste d'un cinéma épuré et puissant. J'ajouterai pour chipoter/paraphraser le souci d'un minimalisme onirique dont on ne sort résolument pas indemne. Merci copain pour cette belle découverte.

Renaud_KLEIN
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le 7 févr. 2015

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