"Star Trek VI : The Undiscovery Country"... ce n'est pas la première fois que mon univers de science-fiction préféré lorgne du côté de l'ami William S. (Shakespeare, pas Shatner !), même si la dernière fois que c'était arrivé, cela avait donné "The Conscience of the King", un des épisodes de TOS que j'aime le moins. Fort heureusement, il en va autrement de ce sixième volet cinématographique !
Après le naufrage de Star Trek V : The Final Frontier, le studio décida de faire à nouveau appel à celui que tout le monde s'accordait à dire être à l'origine du meilleur film de la franchise, j'ai nommé Nicholas Meyer, réalisateur de Star Trek II : The Wrath of Khan. Cela ne fut pas sans mal, tant ses relations avec Gene Roddenberry étaient orageuses (le créateur mourut d'ailleurs peu après l'une de leurs nombreuses querelles), mais c'était incontestablement un poker gagnant. Meyer est tout simplement un réalisateur hyper-efficace, très sous-coté, capable d'alterner séquences d'action et scènes plus intimes avec une expertise dont était malheureusement incapable William Shatner dans le film précédent. Si vous avez aimé TWOK, vous aimerez TUC, même si ce dernier n'est pas aussi bon.
Une des grandes forces traditionnelles de ST a toujours été de servir de métaphore aux grands bouleversements et événements de notre temps, et TUC ne fait pas exception : en effet, le mur de Berlin s'était effondré deux ans auparavant, et l'URSS vivait ses dernières heures. À quoi ressemblerait le Monde après presque un demi-siècle de Guerre Froide ? Tel est la question que se pose, en substance, ce sixième film. Le lien entre Empire Klingon et Bloc de l'Est n'est d'ailleurs pas toujours très subtil, entre l'emploi du terme "Goulag" (pourquoi diable des Klingons utiliseraient-ils un mot russe ??), le nom du chancelier pacifiste (amalgame de Gorbatchev et Lincoln) ou encore la séquence de la parodie de procès ("Don't wait for the translation, answer me NOW !"). Enfin bon, cela importe peu lorsque les acteurs sont si bons, et pour ce que nombre d'entre eux savaient être leur chant du cygne, tous ont répondu présent, sans exceptions. Je ne me lancerai donc pas dans un nouveau concert de louanges à leur endroit, tout juste me contenterai-je de me féliciter de l'apport des petits nouveaux, notamment Christopher Plummer et son cabotinage génial entrecoupé de répliques de Shakespeare (plus de la moitié de ses dialogues!). Meyer semble toujours avoir un méchant charismatique dans sa poche !
De même, les séquences de batailles spatiales sont à nouveau un pur régal, totalement dans la continuité de TWOK. Non seulement on assiste à un véritable duel psychologique entre Kirk et Chang, mais encore une fois tous les membres de l'équipage jouent un rôle dans la victoire final. Oh, et cerise sur le gâteau : Hikaru Sulu commande désormais son propre vaisseau, l'USS Excelsior, et se paie même le luxe de jouer les Blücher. Geekgasmes garantis.
Le propos du film a beau être sérieux, il est parsemé de moments très drôles, surtout sur Rura Penthe. On est bien loin des gags foireux de TFF !
En fait je n'ai que deux (plus ou moins) petits problèmes avec ce film : premièrement, le personnage du lieutenant Valeris. Non pas que Kim Cattrall fasse du mauvais boulot dans ce rôle, tout au contraire, mais sa trahison aurait eu tellement plus d'impact si cela avait été sa compatriote Saavik à sa place ! Aparemment Meyer a eu la meme idée, mais Roddenberry y était opposé et l'a emporté. Avec tout le respect que j'ai pour le grand Gene, c'est fort dommage : les fans connaissaient déjà Saavik, elle était apparue dans pas moins de trois films, et son impuissance face à la mort de David Marcus dans Star Trek III : The Search for Spock aurait pu expliquer à elle seule sa haine des Klingons, alors que les motifs de Valeris restent pour le moins obscurs. Deuxièmement : je n'adhère pas une seule seconde à l'idée que des Klingons et des extrêmistes de la Fédération puissant s'entendre pour prolonger la guerre. Cela reviendrait à une alliance entre les putschistes du KGB et des McCarthyistes s'alliant pour continuer la Guerre Froide !!! Il eut été plus judicieux que la trahison de Chang soit davantage une réaction opportuniste à l'assassinat de Gorkon - un peu comme la manière avec laquelle les Lannisters ont profité de la mort de Jon Arryn dans Game of Thrones, alors qu'ils n'en étaient pas à l'origine !
Mais je pinaille. Star Trek VI : The Undiscovered Country est bel et bien l'un des meilleurs films de la série. Dialogues inspirés, batailles intenses, ambiance haletante, acteurs sublimes, parallèles avec l'actualité, humour décapant, caméos en tout genre (Michael Dorn en grand-père Worf, René "Odo" Auberjonois en officier félon), bande-son épique signée cette fois Cliff Eidelman : TUC est un triomphe, et je défie tout Trekkie de ne pas avoir la larme à l'oeil au moment du plan final sur le pont de l'Enterprize et des signatures des acteurs en guise d'adieux. Live long and prosper !