Vingt ans après le premier opus, George Lucas reprend les rênes pour une nouvelle trilogie autour d’Anakin Skywalker. Un bonheur pour les fans dont je fais partie et qui voient leur longue attente récompensée.
Plus ou moins.
Le premier épisode est histoire de rencontres : le mythe se met en place autour d’un enfant prodige. Malheureusement, il y a de tout dans cet objet, et surtout beaucoup d’inégalité.
La structure reprend les recettes éprouvées d’un modèle duquel George Lucas ne veut pas s’éloigner : un déroulant galactique pour nous plonger dans l’ambiance, une entrée en matière directe aux côtés de deux Jedi en mission, d’extravagants décors tout au long du film et de splendides robes pour Natalie Portman et Keira Knightley, un foule d’extraterrestres, et les traditionnels volets entre les séquences. Graphiquement, la charte est là. Malheureusement, là où le charme de la première trilogie reposait sur un impressionnant travail de construction, de décors et de costumes, de fait-main, ici l’image numérique joue la surenchère à chaque plan. Une image numérique encore mal intégrée, trop souvent découpée sur un arrière-plan réel, trop visible… moche et sans relief.
Pour le scénario, George Lucas prend bien soin de ne rien oublier, ni personne : outre la rencontre avec Obi-Wan Kenobi, Anakin rencontre également Padme, sa future épouse, mère de Luke et de Leia. R2d2 est également présent d’entrée, tout comme C3PO, que le jeune garçon surdoué assemble sur son temps libre – les similitudes avec le jeune Luke Skywalker de l’Episode 4 sont là, probablement trop évidentes et trop nombreuses. Et souligne l’absence d’idées du cinéaste. Il y a un Jabba The Hutt jeune, moins gras, quelques hommes des sables aussi, dont l’utilisation reste anecdotique. Trop d’éléments rassemblés sans finesse. Tous les ingrédients d’une bonne recette sans l’art de la préparer. Un méchant au look certes réussi, mais sans personnalité, sans fond, sans idée : Darth Maul est là parce qu’il faut bien quelqu’un pour affronter les Jedi mais il ne raconte rien de particulier. La mise en place du mythe pêche aussi par l’aspect évangile selon George Lucas quand il décide de ne pas donner de père à son héros et d’en faire l’élu d’une prophétie d’équilibre, tel un petit jésus galactique.
Un peu gros, un peu trop.
Une phrase de Yoda lève le voile sur la prophétie réelle et nous raconte déjà la trilogie qui commence :
« La peur mène à la colère, la colère mène à la souffrance, la souffrance est le chemin du côté obscur ».
Tout est dit.
Là où le film vaut quelque chose, c’est pour la scène extraordinaire de la course de modules. Une prouesse technique à l’époque (l’image y est d’ailleurs mieux travaillé que pour le reste du film), un bijou de course de cinéma : piste ensablée aux multiples obstacles, foule bigarrée dans les tribunes, tricheries, et duel angoissant jusqu’à la ligne d’arrivée. La meilleure séquence du film assurément. La présence anecdotique de Terence Stamp est un petit plaisir, trop vite passé. La tentative d’intrigue politique, plus complexe que dans la première trilogie, ajoute un peu d’intérêt à un scénario un peu linéaire. Une tentative malheureusement peu aboutie.
Le retour à l’univers Star Wars se montre à la fois alléchant et décevant.
Graphiquement réussi malgré l’utilisation trop précoce du numérique, mais narrativement faible : trop peu d’épaisseur à l’ensemble des personnages, peu de complexité. George Lucas réalise un pur divertissement sans se soucier profondément des enjeux secondaires, et c’est dommage. J’attendais largement plus du prequel d’une trilogie qui a bercé mon enfance. Peut-être que si j’étais encore un petit garçon… La menace, plus que fantôme, est fantomatique.
Matthieu Marsan-Bacheré