L'ascension de l'entertainment

Je préfère préciser que cette critique ne sera pas un pamphlet haineux contre Rian Johnson ou JJ Abrams ou encore Kathleen Kennedy, Twitter et autres consorts ayant déjà bien rempli le travail depuis ces dernières années.
J'espère dresser un constat plus ou moins désabusé d'un amateur de la saga qui a essayé de trouver le bon qui restait dans ces films.

Le raz de marée TLJ

Impossible de considérer ce film sans ses prédécesseurs, notamment TLJ. Je tiens plutôt à tirer mon chapeau à Rian Johnson qui a encaissé de manière plutôt cool une vague de haine particulièrement virulente et dont les auteurs ne sortiront pas forcément grandis dans le futur, à mon humble avis.

Que l'on aime ou pas ce film, ce dernier tente d'insuffler une nouvelle direction à Star Wars, s'en donnant les moyens en prenant le temps de raconter une histoire. Je fais partie des joyeux lurons peut être un peu naïfs appréciant la prise de risque au cinéma.

On peut parler de destruction des enjeux narratifs, de porte fermées, certes. Mais au final cet épisode n'ajoute pas tant de nouveaux personnages, se permet de les confronter à la destruction des mythologies qui les ont bercées et ainsi de s'accomplir grâce à leur originalité.
J'aime à voir cet opus comme étant fidèle au Réveil de la force avec un trio de personnages respecté et développé tout en défiant un peu le futur réalisateur du 9 à pousser cette postlogie à avoir sa propre direction, son propre ton (peut être très noir au final, qui sait...).

Le Gargantuesque ROS

Et ce film débute. Certes, le fameux texte jaune à toujours eu cette vocation d'ellipse pour rattacher les épisodes entre eux et donner une cohérence temporelle et spatiale au tout.
Mais le plus gros défaut du film peut sans doute se dessiner dès ses premières minutes : on a l'impression de prendre un train en marche, un train qui fait demi tour et écrase son prédecesseur. On retrouve dans ce fameux texte jaune, des informations détonnantes et balancées de manière assez crue.
Un grand méchant revient, peut être aurait-il été intéressant de laisser planer son ombre au début du film mais l'on touche alors à deux problèmes :

1/ Les bandes annonces, à mon humble opinion chaque opus aurait été annoncé par un gros star wars avec une date et sans image aurait suffi à précipiter les gens dans les salles tout en conservant un maximum de surprise. Mais le monde a changé ma bonne dame...

2/ La durée du film : quitte à vouloir un film gargantuesque, autant s'en donner les moyens, en prenant son temps, les gens étant de moins en moins effrayés de passer un peu plus de temps assis dans des salles obscures

Et je ne sais que penser au final : JJ Abrams déteste t'il Rian Johnson pour son épisode 8 ? Peut être... A-t'il eu peur de relever le défi et de poursuivre dans une voie sombre avec une résistance au plus bas ? Je ne pense pas... A-t'il eu des pressions de la production et de Disney suite au tollé du 8 ? On connaît Disney...
Mais JJ Abrams a quand même eu le mérite d'accepter de réaliser cet impossible (?) épisode (oui moyennant un gros chèque surement mais en ayant le courage de s'exposer à la haine de plein de gens).

JJ Abrams reste en mesure de créer des moments forts avec des plans superbes, la musique de John Williams sans avoir un thème marquant accompagne bien le tout et les moments nostalgie sont très efficaces, notamment via C3PO, Chewbacca et Luke. Les effets spéciaux sont dantesques et bien fichus, la sauce prend : mention spéciale au passage sur les ruines au milieu de la mer...
Mais la plupart des éléments narratifs arrivent de manière fulgurante, beaucoup trop difficile à ingérer et à replacer dans le contexte.
Et un détachement peut commencer à se créer...

Les fans

Certains diront qu'ils ont gagnés, qu'on est revenu à la sève originale de Star Wars et que c'est tant mieux, que la lignée des Skywalker persiste malgré tout.
Certains diront que ceux qui crient le plus fort sur Twitter auront eu raison des producteurs et auront fait un film de commande.
Je pense que la vérité est un peu au milieu de tout ça, et qu'en essayant de satisfaire tout le monde, on perd en authenticité et en impact.
Ce film est impressionnant, maintient la toute puissance de Star Wars dans le domaine du space opera, mais la magie semble s'effacer, l'aura mystique se retire devant des clins d'oeils appuyés ou des apparitions quasiment subliminales de JJ Abrams répondant lui-même directement à des critiques acerbes dans le film.

La diminution de distance entre les créateurs et les amateurs de Star Wars ainsi que bien plus grande visibilité des avis influençant directement la production vient nuire à la création en pervertissant celle-ci.
George Lucas a pu faire la trilogie originale sans qu'une horde de gens lui hurle qu'il était nul que dans le 5 Vador soit le père de Luke que cela trahissait l'épisode 4 ou encore qu'il rétropédalait dans le 6 en rendant Vador "gentil".
C'est une caricature un peu extrême mais qui tente de souligner la relative liberté dont Lucas a pu bénéficier face au public, qui semble beaucoup moins présente de nos jours.
Et de manière un peu naïve, je trouve que la haine dans les commentaires est beaucoup plus présente et qu'un certain sens de la mesure semble se perdre hélas...

Spoilers

Au final, l'Ascension de Skywalker reste un bon divertissement mais selon moi, la magie semble retombée, l'élan de cette postlogie impulsé par les deux premiers opus (que j'aime, vous l'aurez sans doute saisi) retombe, et si la belle conclusion du 8 montrait un garçon rêveur devant les étoiles prêt à conquérir le ciel, le 9 laisse une héroïne seule, légitime par son héritage uniquement, s'accommodant des légendes trop peu remises en question au vu de son vécu dans les 3 épisodes.