On ne va pas se mentir : la postlogie de Star Wars constitue un pur cas d'école en termes de conception industrielle. Lancée en grandes pompes en 2015, la troisième trilogie de la saga est passée par tous les stades au gré de ses réalisateurs.
À contrario du trop-plein nostalgique qui bloquait Le Réveil de la Force, Les Derniers Jedi rayait les évidences et forçait le redémarrage par le vide. J.J Abrams se voulait docile, Rian Johnson bien plus hardi. Où se situerait donc le dernier volet de cette trilogie "contrariée" (ou contrariante)? Le retour de J.J Abrams semblait annoncer moins de risques et plus de connivence avec un public très divisé. Alors?
Tenez-vous bien car la réponse ne tarde pas. Dès son introduction, tous les doutes s'envolent. L'ascension de Skywalker a tout du film qui s'est écrit pendant le tournage. Les preuves affluent sur le grand écran : reniement presque intégral des Derniers Jedi puis fan-service étouffant. Et s'il n'y avait que ça, ce serait déjà dur d'éviter le mur. Ce qui rend le crash encore plus violent, c'est de voir à quel point l'épisode IX passe son temps à se contredire.
D'une scène à l'autre, parfois même au sein de la même séquence, les personnages ou enjeux se dévoilent et s'annulent en quelques minutes. Le nombre d'énormités défie l'imagination, chose qui ironiquement a manqué aux scénaristes (J.J Abrams et Chris Terrio). Je me demande même si les deux hommes n'ont pas décidé de piocher dans les théories les plus idiotes entendues depuis Le Réveil de la Force pour conclure la trilogie. On peut reprocher ce qu'on veut à l'épisode VIII, il n'empêche qu'il offrait un boulevard à une suite si tant est qu'on veuille se montrer original. Vous l'aurez deviné, c'est bien le dernier qualificatif à employer ici.
Selon moi, c'est incontestablement l'opus le plus faible de la trilogie et de la saga toute entière. En termes de script, de dramaturgie, de personnages et même d'action(!). Oui, bon courage pour trouver une scène réellement forte dans le film, tant le rythme les évacue et sabote même leur potentiel sur le terrain de l'émotion. Chaque volet avait pourtant au moins SON moment de gloire. Celui-ci brille par son absence. Pour être clair, la seule chose qui empêche cet épilogue de toucher le fond (bien qu'on en soit plus très loin) réside dans un quatuor de comédiens encore crédibles : Daisy Ridley, Adam Driver, Oscar Isaac et Ian McDiarmid. Oui, oubliez John Boyega, son Finn est cantonné au fond de la scène (on parle de celui qui ouvrait la trilogie, oui).
Pour les aficionados de Carrie Fisher, sachez que ses adieux peinent à convaincre, tant l'artifice barbouille l'écran. Non seulement les incrustations sont gênantes (et semblent figer le visage de l'actrice), mais son utilisation dans la narration évoque le rafistolage grossier. Quitte à enfoncer le clou, sachez que le retour de Lando est encore pire, l'intrigue ne lui donnant absolument RIEN à jouer (à part délivrer une formule ritournelle de Star Wars).
Sans les comédiens principaux, le film relèverait du coup de grâce pour la franchise (qui en a pourtant connu d'autres). En l'état, il confirme l'échec d'une stratégie avant tout basée sur la nostalgie désuète au détriment de toute tentative pour renouveler Star Wars. Ce que Les Derniers Jedi avait compris (malgré ses défauts). Seul réconfort à trouver à ce triste constat : au moins là, c'est terminé.
Si la saga doit repartir, elle ne pourra qu'aller vers de nouveaux horizons. C'est tout ce que je lui souhaite, pourvu que cette galaxie lointaine, très lointaine soit encore une terre fertile.

ConFuCkamuS
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le 18 déc. 2019

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ConFuCkamuS

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