Dans une galaxie lointaine, très lointaine, un humain entre exténué dans l'un des nombreux bars de Mos Eisley. S'approchant du bar décrépie, le client se rapproche et commande quelque chose de fort. Le barman, compatissant, ou feignant de compatir, demanda à cet humain s'il voulait parler. Et l'humain, alors que tous ses instincts lui crièrent de se taire et de boire jusqu'à ce que mort s'en suive, se ravisa et parla : '"Je n'ai pas toujours été comme ça, vous savez… Mais là, je sors du dernier Star Wars…. mais si, vous savez, les vaisseaux, les sabres lasers, la Force, les musiques vibrantes…"
-"Et ce n'est pas comme vous l'attendiez ?"
-"Mais...si justement, voilà tout le problème…"



Une menace très fantôme



Et Disney nous présente sa dernière copie, énième version d'un film que n'avons déjà vu. Après le IV bis, le V bis, nous avons finalement un VI bis. Attaque facile, selon vous ? Oh non, jeunes sots ! J'ai rarement vu un film aux ambitions et aux enjeux aussi creus. Je crois bien que Abrams a fait le pari de faire un film où la menace est encore plus transparente que la "poursuite" de l'épisode VIII. Je crois bien que nos chers scénaristiques n’ont toujours pas compris que mettre plus de vaisseaux et encore plus gros, avec des canons encore plus gros (ce concours de phallus, gênant, même pour le mâle rétrograde beauf que je suis) ne constituait pas par essence une menace. Après la StarKiller, et le Super Méga Destroyer, ce film nous régale après une flotte de centaines de Destroyers…qui ont chacun un canon tueur de planète… forcément ! Mais les personnages sont là pour relever le niveau, pourriez-vous argumenter : mais encore perdu ! Les chevaliers de Ren, le général rouquemoute et la flopée de généraux no name sont insipides, particulièrement inintéressants et cruellement évacués pour le plus grand plaisir des spectateurs qui ne demandent qu’à en finir.



L’attaque des Fans



La seule conclusion inévitable de cet opus, c’est qu’à force d’avoir les oreilles qui sifflent, les pontes de Disney ont entendu les paroles de ses ouailles et décidé de revenir vers une narration moins casse gueule. Aucune inquiétude de côté de la machine à pognon, elle continue de tourner à plein régime, je vous rassure. Cependant, des éclats de lucidité semblent avoir poussés la direction du film à acter que l’opus de Rian Johnson ne pouvait pas être rééditer. Que prendre les gens pour des cons avec de la nouveauté, c’était trop risqué. Du coup, autant les prendre pour des cons avec quelque chose qui marche bien : l’Empereur et toute la simplicité d’une bonne vieille dualité entre le bien et le mal le tout sous un combat à mort entre les testostérones et les œstrogènes. Sans grande surprise, le bien l’emporte et le mal est défait. Oh, comme c’est beau, ma surprise va de pair avec mon émotion.



La Revanche de Bob Iger



Sentant la révolte gronder dans la lointaine République, l’Empereur Iger a déployé tous les pouvoirs du côté obscur pour annihiler ces folles envies de changement. Primo, on ressort un scénario qui a marché dans le passé. Ensuite, on ressort tout l’arsenal type vaisseaux et décors (n’attendez rien de ce côté, vous serez déçu [nan, j’ai mieux, n’attendez rien du tout, ça sera plus simple]).
Pour soupoudrer le tout, branchez le déambulateur de papy Williams et laissez-le recracher sa bille. Surtout, ne propose rien de nouveau et au grand jamais, quelque chose d’excitant qui risquerait de faire de l’ombre au film [bande de baltringues !].



Un nouveau Leader Suprême



Pendant trois films, nous aurons donc eu droit à la crise de puberté d’un Dark Vador du pauvre, qui tout en agitant son sabre, oubli de conserver sa dignité. Kylo Ren adore faire le show avec son joujou mais il se permet de l’agiter dans tous les sens, à un point que cela devient ridicule. Adam Driver n’est même plus en cause à ce niveau-là, mais le personnage de Ben Solo présente un voir plusieurs défauts structurels de conception qui le rendent indigeste. En face de lui, son opposée dans la lumière ne peut que nous impressionner (ou nous horrifier) tant la nature de ses pouvoirs qui évoluent de manière divine sont en complet décalage avec l’ancrage dans la réalité grâce auquel ce concept de la Force ne nous semblait pas complètement hérétique. Rey se distingue par sa maîtrise de la télékinésie mais elle développe des habilités impressionnantes comme la guérison (osé quand même), les conversations facebook Portal (déjà initié dans le VII, merci Rian) et la téléportation d’objets (WTF ??).



Abrams-Contre-Attaque



Pour être aussi honnête que possible, le point le plus réussi est le traitement des personnages dans leur ensemble. Là où le VIII les avait démolis au bazooka, JJ est plus subtil et plus cohérent. Ben Solo achève sa mue et devient finalement le Jedi qu’il aurait dû être depuis le début. Rey, accepte finalement sa part d’ombre et semble réaliser que l’ombre et la lumière doivent coexister. Le personnage de Rose est d’autant plus réussi qu’il est inexistant (et ça justifie les deux points en plus en lieu et place du 1/10). Finalement, le personnage de Palpatine est sans aucun doute le plus accompli (merci George). Palpatine ne tergiverse pas, il est puissant (peut-être un peu trop, la surenchère a ses limites, chers scénaristes) et il veut régner. Voilà, c’est clair et c’est pesé. Mention honorable au traitement de Leia. Là, franchement, je leur tire mon chapeau. Avec le peu de contenu qu’ils avaient, son personnage est suffisamment présent et son sort est relativement bien mis en scène. C’est globalement la bonne surprise du film.



Le retour du réalisateur



Souffrant d’un manque de cohérence à la base même du projet, il a bien fallu combler les trous et tenter de justifier certains choix douteux. Donc, on rappelle JJ Abrams tout en sachant qu’il ne prendra pas de risque [mais aucun vraiment]. Aucunes des actions de ce film n’entraîne de réelles conséquences : Chewie meurt, et bien non ; C3PO perd la mémoire, et bien non ; Kylo Ren meurt, et bien non ; l’empereur gagne et tue tout le monde, et bien non ! Bref, je pourrais continuer comme ça pendant longtemps. En plus de bricoler des explications qui valent ce qu’elles valent, on soupoudre de fan service et on sert le plat réchauffé ! Bon appétit !


Dépité et passablement ivre mort, l’homme se regarde dans une glace et se dit au fond de lui-même : ne sois pas triste, jeune padawan. Ce qui s’est passé ce soir n’était qu’une étape supplémentaire dans ton entraînement. Ce qui a commencé en larmes dans cette salle du Rex ce soir de 2005 alors que l’Empereur Palpatine venait d’activer l’ordre 66, se termine en cette douce nuit d’hiver. C’est désormais chevalier Jedi que tu affronteras la vie. Affronte ta déception et ta rancœur, coupe le cordon avec tes envies d’enfant et deviens un homme. Star Wars était et Star Wars n’est plus. Mais dis-toi, que cette saga fait encore rêver des tas d’enfants et que vous avez parcouru un joli chemin ensemble. Vis bien, jeune Jedi.

BlackHornet
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le 19 déc. 2019

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