Il était temps que tout ce beau foutoir prenne fin : The Rise of Skywalker, neuvième volet de la plus « grande » saga de space opera du Septième Art, est venu mettre un terme à une trilogie dramatiquement malade. S’il serait tentant de tirer à boulets rouges sur celui-ci en particulier, il convient plutôt d’en nuancer la responsabilité seule : car l’Empire Disney, dans son grand empressement et une stratégie aux fraises, aura tout bonnement sabordé le potentiel de sa nouvelle poule aux œufs d’or.


Alors certes, oui, la rentabilité avérée de ces épisodes, conjuguée au succès de spin-off tel que Rogue One, lui permet de sauver la face : mais par-delà les chiffres seuls, impossible de ne pas sourciller, soupirer et, certainement le plus triste dans tout ça, jeter l’éponge. Comme bon nombre d’autres spectateurs déçus, ce tryptique m’aura perdu en chemin quand bien même l’épisode VIII aura fait office de sursaut inespéré comme imparfait : et si les fans n’ont clairement pas Rian Johnson à la bonne, je lui réserve sans aucune hésitation la meilleure note du lot.


Ce qui nous ramène invariablement aux problèmes majeurs de cette trilogie, dont l’échec paraissait inévitable : son manque criant d’unicité et de vision à moyen/long terme. Car comment ne pas reconnaître que The Rise of Skywalker tente de son mieux de recoller les morceaux avec The Force Awakens, lui qui était dramatiquement fade comme facile ? Si la redite scénaristique qu’il opérait vis-à-vis du IV se voyait comme le nez au milieu de la figure, la rupture que signa ensuite The Last Jedi n’en fut donc que plus brutale : aussi, les scénaristes avançant à tâtons ou ayant à cœur de se mettre des bâtons dans les roues (Abrams VS Johnson), il n’est guère surprenant de voir en le présent film une conclusion hagarde, maladroite et j’en passe et des meilleurs.


Nous pourrions en somme dédier un papier entier au projet Star Wars de Disney, bien décidé à capitaliser au maximum sur la popularité sans comparaison de l’univers de George Lucas (et consorts) ; néanmoins, si les casseroles que The Rise of Skywalker traîne dans son sillage ne sont pas toutes de son fait, recentrons-nous sur ses propres faits d’armes. D’emblée, le générique nous en donne pour notre « argent » en annonçant, ni vu ni connu, le retour de Palpatine : qu’importe donc que vous ayez été spoilé ou non par les trailers, le film réduisant l’information à de simples lignes de générique. J’en aurai rigolé de dépit : comment y croire ? Outre le fait que l’intrigue recycle une ancienne menace en guise de grosse ficelle, il est des plus décevants qu’elle n’y mette pas les formes : si certains positiveront en avançant (notamment) l’argument du Lore Star Wars, le fait est que l’on frise le bradage en règle et que l’effet n’a strictement aucun impact.


Il va donc sans dire que l’antagonisme que dresse le film paraît artificiel, sans véritable teneur : et là encore, il ne s’agit pas de stipuler que l’ombre de Palpatine n’aurait pas pu fonctionner dans d’autres circonstances… mais celles qu’invoque et revêt la trilogie de Disney font de ce choix une véritable échappatoire, voilà tout. Bref, on fait grise mine, comme l’Empereur déchu, puis l’on déchante pour de bon : Snoke ? Une simple marionnette (consciente de sa condition ou non, peu lui chaut). Le pourquoi du comment de sa puissance aberrante ? Une incohérence contredisant dans sa totalité les desseins de Palpatine, attendant son heure dans l’ombre pour les seuls besoins du scénario. La menace de milliers de destroyers interstellaires, heureusement cloués au sol à cause de la météo ? La bonne blague, franchement !


Mais quittons pour un temps les mornes contrées d’Exegol pour retrouver nos joyeux lurons : Poe fait toujours plus office de méchant garçon téméraire, Finn se mue en grand éconduit aux sentiments flous (le fait que le film évacue en tout ou partie Rose de ses plans n’y est pas indifférent) et Rey… n’est désormais plus une incarnation anonyme de la Force mais une « héritière » au destin tout tracé. Si nous pourrions débattre de l’évolution de chacun, en résumer l’aventure commune se suffit à elle-même : imprimant un rythme infernal au long-métrage, leurs pérégrinations nous essoufflent d’entrée de jeu, l’exemple de cette séquence gratuite de « ricochets » ne servant rien d’autre qu’un grand spectacle pourtant raté.


À grand renfort d’effets numériques agressifs, The Rise of Skywalker ne nous laisse ainsi aucun répit, comme si son vernis dantesque tenait de la poudre aux yeux : sauf que non. Heureusement, quelques accalmies bienvenues en redoreront le blason, une certaine inspiration planant à l’aune d’astres et panoramas impressionnants. Le paradoxe ambulant qu’est Kylo Ren est également vecteur de quelques bonnes séquences, quand bien même sa « quête » de l’Empereur serait finalisée en un tour de main ; un potentiel en partie gâché, ce qui nous enjoint à aborder l’incontournable dualité qu’il compose avec Rey. Sur les bases posées par ses deux aînés (un semblant de miracle au demeurant), le long-métrage poursuit son approfondissement d’une relation ambivalente, divergente comme complémentaire, et somme toute intrigante.


Si son traitement brille d’une maladresse patente, Ben Solo constitue ainsi le meilleur motif de satisfaction de la trilogie, son devenir soulignant jusqu’au bout une binarité moins manichéenne que supposée, et Adam Driver aura fort bien mené sa barque contre vents et marrées. Ceci étant dit, The Rise of Skywalker ne propose pas grand-chose de plus si ce n’est des duels bien sentis : pire encore, sitôt que l’on remet les pieds au rayon des facilités, son intrigue cumule tant de choix prévisibles ou douteux que l’on ne peut que faire la grimace (une belle qui plus est).


Multipliant les poncifs de tout ordre, et n’hésitant jamais à tirer sur la corde du fan-service outrancier, le film a tous les attributs de la coquille vide : il n’est donc pas surprenant qu’une lassitude prégnante ne nous gagne au fil de la séance. Jusqu’au(x) point(s) de non-retour, une pléiade au demeurant. The Rise of Skywalker favorise donc un constat négatif à souhait au terme de son premier visionnage, et y réfléchir à tête reposée par la suite ne sauve en rien les meubles : ses défauts et approximations criantes se précisent, au même titre que de rares motifs de satisfaction naturellement insuffisants.


Car quand vient l’heure du bilan, le dernier travail de J.J. Abrams n’est finalement qu’à l’image de ce projet de trilogie dans son ensemble : mal pensé, mal conçu et donc mal reçu. Conclusion illustrant à la perfection les dérives d’une industrie à côté de la plaque, enlisée dans une logique perverse de rentabilité à très court terme, The Rise of Skywalker était un combat perdu d’avance, ni plus ni moins.

NiERONiMO
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le 26 déc. 2019

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NiERONiMO

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