14h50, il fait chaud. Je transpire de la vodka, ou de la bière, je sais pas trop. Ma copine m'a trainé de force et la file d'attente m'a déjà fait perdre toute bonne humeur.
Forcément une fois arrivé dans la salle, je me retrouve à côté d'un mec qui aurait payé deux places si on était dans un Ryan Air. Autant le dire, va falloir jouer des coudes pendant la séance. Pendant les bandes-annonces, je réfléchis à ce que mes potes m'ont dit sur ce SW7. Que c'était de la merde, ça je m'en doutais. Que les -trop rares- scènes d'action étaient pas mal. Un pote m'avait dit que la fin remontait le niveau aussi. Et c'est là que commence le drame.
Flashback de la veille, mes potos ont une discussion de geek sur le film et lachent au hasard un bon vieux spoil (du genre l'origine de Kylo Ren ou la mort d'un personnage clé). Je m'étais dit que l'alcool m'aiderait à oublier ces spoils, mais non.
De facto, je n'aborde pas ce Star Wars de la meilleure des manières. Et ce sentiment ne disparaîtra pas durant toute la séance.


Commençons par les points positifs.
Au niveau de la réalisation, on sent la patte d'Abrams. Les scènes d'action sont vraiment efficaces visuellement. C'est triste à dire, mais à une époque ou la plupart des scènes de combat ou de poursuite sont tournées par des mecs sous coke ayant Parkinson, ça fait franchement du bien. Les combats ne sont pas jouissifs mais sont immersifs au possible et permettent au spectateur d'accrocher à l'histoire. De même, hormis quelques longueurs, on ne s'ennuie pas durant le visionnage. Et voir un univers si riche avec une technique irréprochable, un rythme soutenu, ça en fait déjà un bon divertissement.
Au niveau du scénario, certaines idées sont vraiment pertinentes. Les nombreux parallèles avec l'épisode 4 sont par exemple bienvenue. Le personnage de Rey est également une vraie réussite. Là aussi très proche de l'épisode 4 au niveau de la comparaison avec Luke. Finn est assez intéressant mais l'acteur, John Boyega m'a vraiment laissé sur ma faim. C'était peut être du à la VF mais j'en suis pas convaincu.
Malgré un bon sentiment envers les deux principaux protagonistes de cette nouvelle trilogie, le plus gros problème du film vient également de leur traitement.


En effet, le scenario -surtout avec Rey- est WTF. Kylo Ren, le grand méchant avec un sabre laser en forme d'épée a suivi l'entrainement de Luke, a un maitre Sith, a du sang Jedi mais se fait défoncer par une meuf qui a découvert ses pouvoirs UNE HEURE AVANT. J'ai déjà vu certaines théories comme quoi elle est la fille de Luke et s'est déjà entrainée, ou alors qu'elle est née de la force elle-même (comme Anakin) mais ça reste maigre comme explication. Pareil pour Finn qui n'est a priori même pas un jedi a mais arrive à tenir tête un petit moment avec Kylo Ren. Soit Ren est aussi fort que l'équipe de football de ligue 1 dont il est l'homonyme, soit il y a une erreur de traitement.
Toujours sur le scenario, si on ne s'ennuie pas, c'est aussi un gros problème. Le film se transforme en une course effrénée vers l'action avec un schéma très répétitif sur la première heure du film : Problème-Solution-Explication courte-Nouveau problème.
Le film souffre aussi d'un excès de classicisme de la part du créateur de Lost (les larmes aux yeux en repensant à cette série <3 ). Effectivement, le film de JJ ressemble vraiment aux productions Marveliennes de l'ère Disney. Un scénario convenu avec beaucoup d'actions, aucune prise de risque, un manichéisme répétitif (inhérent à SW malgré tout), des blagues Kikoulol qui provoquent le rire des spectateurs lambda, et surtout l'impression de voir un film qui n'a pas une vraie fin. Si c'est normal dans une trilogie, j'ai peur que que les épisodes VIII et IX nous amènent encore vers des conclusions twistées et convenues pour attirer le spectateur à repayer 10 euros l'année d'après.


Un autre point noir, les acteurs de l'ancienne génération. Harrison Ford a réussi à me faire changer d'avis sur l'euthanasie en une heure d'apparition. Si ses problèmes sur le tournage (blessure sérieuse à la jambe) peuvent expliquer en partie le fait qu'il se déplace aussi vite que Pierre Menès, son jeu d'acteur reste très triste et sent le réchauffé.
Pour Leia, c'est différent. Si l'actrice n'a jamais été une virtuose, ce n'est pas cela que je retiendrais de cet épisode VII. C'est plutôt un problème générationnel. En effet, la princesse Leia a été un fantasme pour de nombreux jeunes comme moi. Et l'effet des années n'a pas été tendre avec elle.. Si ça peut paraître idiot comme réaction, c'est vraiment la fin d'un rêve que de la voir arriver en grand-mère ridée.
Pour Luke, son apparition dans Flash l'année dernière laissait augurer un véritable désastre. Evidemment, son trop court laps de temps à l'image nous empêche de juger mais rien que sa gueule me laisse déjà envisager le pire pour 2017. Un peu comme pour la politique en fait.


Dernier personnage qui m'a vraiment déçu dans son traitement, Kylo Ren. Déjà, prendre un acteur de Girls pour jouer le méchant de Star Wars... Mais alors, prendre un mec qui a une tête de babtou fragile qu'on vient de priver de dessert... On peut plus rien faire pour JJ là.. Et puis quitte à prendre un mec aussi peu charismatique, autant lui faire garder son casque merde. C'est ça qui faisait tout pour Dark Vador, on voulait savoir ce qu'il y avait là dessous. Vraiment. Quand on voit qu'Oscar Isaac est réduit à être aussi influent dans le film que Dupont-Aignant dans une présidentielle, c'est le sentiment d'un gros gachis pour le choix des acteurs.


Enfin, la musique du maestro John Williams est quelconque. Un peu comme pour la comparaison entre les OST Hobbit/SDA d'Howard Shore, on reprend les morceaux classiques, on en fait des petites variantes jusqu'à l'infini et on se contente de ça. Toujours pas de prise de risques, toujours pas de découverte, toujours du réchauffé.


Au terme de la séance, on ressort donc assez déçu de ce Réveil de la Force. Si l'attente d'un chef d'oeuvre était bien trop optimiste, un film cohérent et avec quelques prises de risque aurait suffit. Mais comme souvent avec les reboots/suites/renouveau de franchise, on a vraiment le sentiment d'avoir perdu 10 balles et de s'être bousillé les yeux pour rien avec la 3D. Comme des cons, on ira quand même voir le VIII, Disney fera plein d'oseille, on aura toujours droit à des remakes et dans 50 ans c'est Rey qui sera la maître jedi isolée qui expliquera au dernier rejeton Skywalker que la force est puissante et dangereuse.

Christophe_Mrr
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2015

Créée

le 19 déc. 2015

Critique lue 444 fois

4 j'aime

1 commentaire

Christophe Mrr

Écrit par

Critique lue 444 fois

4
1

D'autres avis sur Star Wars - Le Réveil de la Force

Star Wars - Le Réveil de la Force
Samu-L
6

Star Wars Episode VII: A New Hope Strikes Back

Divulgâchage épique dans ce billet!!! Au départ, j'avais décidé de pas intervenir. Je m'étais dis: " mon petit Sam, est-ce que ça vaut vraiment la peine de t'embarquer là dedans? Parce que tu sais...

le 18 déc. 2015

286 j'aime

97

Star Wars - Le Réveil de la Force
Palplathune
4

La force a la gueule de bois

Quand on critique quelque chose qui tient autant de l'affectif que Star Wars, il est bon de dire d'où l'on vient. En l'occurrence, je suis un (relativement) vieux fan de la trilogie originale. Cet...

le 20 déc. 2015

236 j'aime

38

Du même critique

JVLIVS II
Christophe_Mrr
7

Du rap de réalisateur

Dire que le nouvel opus de SCH était attendu relève de l'euphémisme tant Julius Tome I fut un succès critique, et s'est transformé en espèce d'objet de fascination chez les fans de rap. Rooftop,...

le 19 mars 2021

16 j'aime

Stamina,
Christophe_Mrr
7

Ni de l'ancienne, ni de la nouvelle école, Dinos, tout ce qui fait le rap en 2020.

Porté par un freestyle Booska Stamina absolument démentiel, la hype autour du 3ème projet de Dinos est au plus haut. Imany, son premier album à la construction chaotique avait convaincu et étonné par...

le 27 nov. 2020

13 j'aime

3

Sur écoute
Christophe_Mrr
10

Critique de Sur écoute par Christophe Mrr

Jamais une série n'aura engendrée telle unanimité sur sa qualité. Au point de voir en ses détracteurs des déviants, n'ayant pas compris le sens et cheminement de celle-ci. Cette oeuvre ne laisse pas...

le 24 juil. 2014

8 j'aime