Apothéose.

Trève d'introduction lancinante ou de suspense inutile, Star Wars, Episode VII : The Force Awakens est une incroyable réussite, un vrai coup de maître. Somptueux, grandiose, spectaculaire, il n'y a pas assez de superlatifs pour exprimer toute la démesure mise en place dans ce voyage inoubliable, aux confins de la galaxie la plus célèbre du monde.

Il faut dire que J.J. Abrams est passé maître dans l'art du "film pour fan" et ce depuis plusieurs années. Comprenez moi bien, il ne s'agit en aucun cas d'un spécialiste du fan-service bas du front (voir le banal et décevant Jurassic World) mais un vrai cinéaste, motivé par la volonté de ranimer une franchise, une oeuvre, un style, le tout accompagné par une mise en scène personnelle et créative. Ainsi, Abrams redonna un second souffle à Mission Impossible en en signant le troisième opus, nerveux et jouissif, rendit un brillant et fulgurant hommage au Spielberg des années 80 avec Super 8 et bien sûr, ramena Star Trek sur le devant de la scène avec ses deux sublimes fresques spatiales, marqué par un goût prononcé pour le gigantisme.

Aujourd'hui, Abrams s'attelle à une tâche plus que risquée mais réussit le défi haut la main : tout en conservant l'essence originelle de la saga de George Lucas, le cinéaste transcende son concept, lui apportant une mise en scène basée sur la virtuosité de la caméra et les effets de lumière (bon nombre de plans sont pour longtemps imprimés sur ma rétine). On ne pouvait en effet nier la fixité de la "recette Lucas", malgré son efficacité dramaturgique.

Mais le film ne se contente pas de déposer un vernis de surface, c'est toute la recette qui est changée. Le Premier Ordre, sorte d'Empire bis s'avère bien plus charismatique et effrayant que son illustre aîné (le parallèle avec le fonctionnement du IIIème Reich est d'ailleurs plus qu'évident). Le grand méchant du film, Kylo Ren (magnétique Adam Driver), est un homme riche de surprises et qui possède le meilleur développement de personnage du film. Les autres rôles ne sont pas en reste et on ressent bien vite le besoin des scénaristes de réussir un passage de flambeau entre les héros inoubliables de la trilogie originale et les nouvelles têtes prometteuses de cette nouvelle série de films. Toutefois, ce film n'est pas exempt de défauts, à commencer par certaines réactions de personnages plutôt étranges et mal amenées (notamment devant Kylo Ren, que personne ne semble redouter, pour une raison qui m'échappe). On pourrait également reprocher au mythique John Williams de s'être mis en retrait mais force est de constater que la B.O reste de très bonne facture.

Au final, Star Wars Episode VII frappe en plein dans le mille et parvient à faire coexister dans l'harmonie une nostalgie de fan pure et une volonté de renouveau, sans jamais trahir le matériau de base. Un incontournable de 2015 et, en ce qui me concerne, un coup de coeur absolu.