L’enjeu était de taille : comment perpétuer l’héritage de Star Wars tout en insufflant des enjeux inédits? Contrairement à George Lucas, le père fondateur qui a entaché sa propre mythologie avec une deuxième trilogie artificielle, son plus fervent admirateur, J.J. Abrams, opère un retour aux fondamentaux salvateur, préférant se concentrer sur la tragédie familiale plutôt que se noyer dans un déluge d’effets spéciaux aseptisé. Car ici, J.J. Abrams est l'homme de la situation, difficile de dire le contraire. Le Réveil de la Force est visuellement un véritable petit bijou. Contrairement à une prélogie bourrée d’effets spéciaux amorçant le virage du tout numérique, J.J Abrams réalise un travail d’orfèvre. Du cousu main qui offre au film un cachet certain et rend hommage à la saga originelle...
Nous avons donc affaire ici à un nouveau monde tout beau tout neuf. Une page vierge qu’ont du remplir Abrams et Lawrence Kasdan, déjà à l’oeuvre sur la trilogie originale. Et le couple prend son temps, au début. Il y a tout un univers à mettre en place, une galerie de personnages à présenter, un nouveau contexte, de nouveaux enjeux… A vrai dire, le début, même s’il part sur les chapeaux de roue, semble un peu longuet à tel point qu’on se demande si il n’a pas trop poussé sur l’hommage à la réalisation mollassonne de Lucas. Puis vient le moment fatidique, après vingt-minutes de film faisant basculer le tout vers l’aventure, la vraie...
Abrams est un excellent faiseur et un nostalgique qui aime se lancer des défis. Après avoir ressuscité l’Enterprise de Star Trek , il réitère l’expérience avec le navire Star Wars, faisant le lien entre passé et présent en réalisant une suite digne de ce nom. Tout est là. Oui. Mais sans doute trop justement. Sitôt l’engouement des retrouvailles avec cet univers devenu familier passé, le retour au bercail nous réserve en définitive bien peu de surprises. Car par moments, et c’est là le principal problème du film de J.J. Abrams, l’ensemble se révèle rapidement un quasi-remake d’Un Nouvel Espoir, le premier épisode signé George Lucas, parfois à la réplique près et c'est bien dommage tant on aurait voulu être surpris par une quelconque prise de risque...
Néanmoins, J.J. Abrams a réussi à saisir l’essence même de la saga, ce qu’avait échoué à faire Lucas avec la prélogie. Un retour aux sources gagnant pour une licence qui avait beaucoup à perdre en passant entre de nouvelles mains. Mais avec cette première expérience, on sait maintenant que Kathleen Kennedy, la productrice, prendra soin de la saga. J.J. Abrams a fait un film de fan, mais pas seulement pour les fans. C’est ce qui fait la force de l’Episode VII. On espère maintenant que la suite sera du même calibre, sinon meilleure. Qui sait !!!