Bon bah voilà...
A l’image du précédent épisode, j’ai décidé au final d’attribuer à ces « Derniers Jedis » un très mou 5/10.
Au fond, mon bilan reste le même : OK, c’est propre et ça sait jouer suffisamment sur les forces iconiques de la saga pour justifier son existence, mais d’un autre côté ça reste désespérément sans aspérité et sans saveur…
Malgré tout, il y a une différence sensible avec « Le réveil de la force » : dans l’opus d’Abrams, c’était le début qui savait donner de l’épaisseur à cet univers alors que la deuxième partie sombrait progressivement dans la simple copie sans âme de l’univers d’origine…
Ici, dans ces « Derniers Jedi », c’est l’inverse qui se produit : les deux premiers tiers n’ont strictement rien à proposer ni à dire de neuf, mais par contre dans le dernier tiers le film parvient enfin à donner un peu d’enjeu et de dynamisme à cet univers riche en icônes et en références.
Alors vous allez peut-être me dire que, l’un dans l’autre, c’est sûrement mieux comme ça – car mieux vaut connaître une dynamique ascendante et finir sur une bonne note plutôt que l’inverse – sauf que bah non pas forcément.
Parce que – la vache ! – qu’est-ce que les deux premiers tiers du film furent longs et vides ! Et attention hein : deux-tiers pour ce film c’est synonyme d’une heure et demie quand même !
Le pire, c’est que me concernant, ça a commencé dès la première minute.
Le seul carton d’introduction a suffi déjà à installer la débandade.
En gros, on y apprend que : ça y est, le Premier ordre a quasiment gagné. Suite à une grande guerre il a vaincu la République et que seule une résistance s’efforce de survivre face à l’envahisseur et bla bla bla…
Même pas une minute et on te dit déjà que tout ce qu’il s’est passé dans le premier épisode eh bah on s’en fout un peu en fait. Les rebelles ont détruit la Star killer ? Ah bah ça devait pas être très essentiel à l’intrigue puisque au fond le Premier ordre gagne quand même ! D’ailleurs, comment il gagne ? Là aussi – même service que pour l’épisode VII – tu pourras te brosser ! Finalement on aura donc assisté (excusez du peu) à la chute de la grande République restaurée par Luke et Leia sans qu’on ne nous en ait montré ne serait-ce que le bout de l’extrémité d’une queue. On ne saura donc jamais d’où est venue sa faiblesse ni même d’ailleurs d’où le Premier ordre a tiré sa force.
Ainsi, dès le carton d’introduction, cet « Episode VIII » nous rappelle qu’au fond, on s’en fout un peu de l’histoire et de la logique de fond de cette « guerre des étoiles » ce qui est quand même la pire entrée en matière qui soit.
Là déjà, tu comprends que le film ne se posera qu’une seule et unique question : comment exposer et exploiter au mieux les figures iconiques de l’univers Star Wars. Et franchement, toute la première heure et demie, ce n’est QUE ça.
On commence avec une scène d’évasion (comme dans Star Wars V) durant laquelle on va afficher fièrement tout ce que les fans veulent voir : des X-Wing, des TIE Fighters, des croiseurs interstellaires et des vaisseaux de transport de la résistance…
Histoire malgré tout qu’on ne crie pas trop à l’arnaque, cette scène nous gratifie quand même de quelques nouveautés comme des bombardiers et… des personnages asiatiques. On nous présente aussi un nouveau général qui ne sert à rien, qui ressemble à tous les autres généraux qui n’ont jamais servi à rien dans « Star Wars ».
Puis se lance alors une longue scène de poursuite, copiée-collée du premier épisode de la saison 1 de « Battlestar Galactica » mais en moins bien, tandis que pendant ce temps là on nous refait la scène de la formation de Luke par Yoda (comme dans Star Wars épisode V) sauf que Yoda c’est Luke, Luke c’est Rei, et que Dagobah c’est l’Irlande.
Et comme il faut visiter des lieux et rencontrer des personnages alors qu’on n’a aucune idée qui nous permettrait de justifier de tels déplacements, eh bah le film va décider de piocher dans la boîte à facilités. On nous refait le coup de la bidouille qu’il va falloir aller désactiver dans le vaisseau mère adverse (comme dans Star Wars I, IV, VI et VII), tandis que de l’autre côté, pour aller faire un tour totalement forcé dans une cité qui prospère grâce à la guerre (Qui a dit « La cité des nuages » de Star Wars V ?) on nous ressort la carte-joker du hackeur indispensable (nous dit-on) pour faire avancer l’intrigue (comme ce fut le cas dans… « xXx Reactivated » et « Fast And Furious 7 » ???)
Ajoutons à cela toutes les scènes entre Snoke et Kylo Ren qui reprennent à peu de détails près celles de Star Wars VI entre l’Empereur et Dark Vador (…et qui visuellement ressemblent beaucoup aux scènes où apparaissait le Suprême Leader dans « Battlestar Galactica 78 » ! Comme quoi ! Décidément !) et alors on aura une parfaite resucée de l’univers Star Wars qui sera garantie 0% créativité.
Alors OK, c’est beau. Soit…
Et alors ?
Du beau au service de rien, c’est quand même vite gonflant.
Et du rien, on s’en bouffe quand même – et je tiens à le rappeler – pendant UNE HEURE ET DEMIE !
Donc moi je veux bien qu’on me dise que c’est mieux de commencer par le pire pour finir par le meilleur, mais là, concernant ces « Derniers Jedi » il faut quand même être sacrément patient et surtout vraiment très conciliant en termes d’exigences scénaristiques !
Mais bon…
Malgré tout cela, il y a quand même le dernier tiers.
Et là, franchement, je dois bien reconnaître qu’il y a des choix intéressants qui sont pris, et un propos qui complète enfin celui qui (bien que très synthétique) se développait jusqu’à présent dans la saga.
Le bref retour spectral de Yoda et quelques unes de ses punchlines sont assez salvateurs (« Nos échecs sont nos meilleurs maîtres » : celle là il faudra en faire un T-shirt) ; de même que les échanges Rei / Kylo apportent quelque-chose d’intéressant et d’assez nouveau sur la fin (même si bon, ça montre vite ses limites aussi).
Mais surtout, c’est avec la mort de Snoke que les choses commencent vraiment à se lancer.
Là, enfin, le film sort du rail dans lequel il était depuis le départ. Il rompt avec beaucoup d’attentes...
(notamment concernant les origines de Rei, ce qui est vraiment bien senti. Bon par contre, je pense qu'on aurait pu être en droit d'en savoir un peu plus sur Snoke. Qu'on nous fasse la surprise de le tuer n'est pas une mauvaise idée car pour moi c'était vraiment un personnage bien plat et presque ridicule, mais par contre s'en débarrasser comme un vieux mouchoir usagé alors qu'on en sait finalement rien, c'est aussi renforcer cette sensation qu'au fond cette trilogie n'a rien à raconter )
...De même, parmi les bonnes initiatives, c'est plaisant de voir que ce dernier tiers commence à développer un discours qui lui est propre...
(notamment sur l’héroïsme via le personnage de Poe Dameron)
...et surtout il définit une ligne intéressante autour de laquelle cette trilogie va (peut-être) pouvoir se construire sa singularité :
...cette idée de raser le monde ancien (Jedi, Sith, République et Empire) dans l’optique d’un monde nouveau.
Alors après, ne nous enflammons pas non plus.
Ça reste quand même assez plat au final, mais bon l’air de rien c’était ce minimum qui était indispensable pour donner du sens et de la dynamique à cet épisode qui n’est qu’au fond – et une fois de plus – qu’un simple étalage visuel de créatures et de vaisseaux nouveaux et anciens.
Alors c’est vrai que dit comme ça, c’est vraiment pas bien folichon.
Une saga comme « Star Wars » méritait quand même sûrement mieux.
Mais bon, d’un autre côté, ce serait vous mentir que de vous dire que je n’ai pas trouvé mon compte dans le dernier tiers.
Certes, pas de passion. Mais c’était beau.
Il y avait de l’élan, et j’étais curieux de voir comment les choses allaient se ficeler.
En somme, pour moi, ce « Star Wars VIII » ça a été ce qu’a été avant lui l’épisode VII : c’est-à-dire un produit lisse mais suffisamment bien manufacturé pour mettre en valeur des figures qu’on connait déjà tous bien et auxquelles on est attachés.
C’est certes triste de se dire qu’on sait se satisfaire que de ça.
Mais bon… Aujourd’hui, a-t-on encore seulement le choix ?