Il est des films comme des personnages, emblème de leur temps, bonheur des éditeurs qui savent qu'ils auront toute leur vie à les réimprimer. Elvis, Marylin, Star Wars.
La légende, pour toujours associé à Georges Lucas, Harrison Ford, Carrie Fisher et Mark Hamill ne mourra pas. Mais Star Wars est mort depuis longtemps.
La première fois en 1999, quand Tonton Georges en a remis une couche.
Le seconde fois, ces jours-ci, quand un autre tonton, celui-ci prénommé Walt, s'est arrogé le droit de la vider de sa substance pour faire des sous et préparer l'avenir.
C'est savamment pensé. Tout, dans The Last Jedi, est fait en prévision d'un futur qu'une cohorte de financiers avides espèrent juteux.
Allons donc. Pensiez-vous qu'ils rachèteraient les droits de la saga des milliards pour prendre le moindre risque ?
L'intelligence de ce film réside dans le fait d'avoir cocher toutes les cases d'un cahier des charges planifié dans des cabinets de conseils marketing.
Adieu donc la force, ce souffle épique, et cette philosophie qui, même simpliste, avait marqué toute une génération.
Ce nouvel opus doit être vu par le plus grand nombre. Et le plus grand nombre, aujourd'hui, peine à maintenir son attention plus de quelques secondes.
Il est à l'image de cette culture de l'immédiateté réactive qui ne se soucie plus ni des pourquoi, ni des comment.
Ce Star Wars, je ne peux pas le critiquer. Il est parfait. Parfait pour l'époque dans laquelle nous vivons.
D'ailleurs, Ryan Johnson en est conscient puisqu'il le dit, par la voix de Adam Driver interprétant avec une grande justesse ce paumé de Kylo Ren : « plus de Jedi, plus de Sith, plus d'empire, plus de rebelle ».
Et ce n'est pas la minute nécessaire de Maître Yoda, bien que presque réconfortante pour un nostalgique comme moi, qui donnera du sens à tout le reste.
Quand à Luke, mon merveilleux Luke Skywalker, je comprends tout à fait qu'il soit planqué sur son île déserte. Il est comme moi, étranger à cette époque qui ne sait plus, ni ce qu'elle fait, ni pourquoi elle le fait.
Après que Snoke ait fait « snok ! », à l'heure où toute pensée cohérente est remplacée par des réactions émotionnelles de type « Oh ? Ah ! Hey ?! », nous voici donc embarqué avec 4 onomatopées (Rey, Finn, Poe et Ben) pour un odyssée interminable dont le seul but sera de nous faire acheter des posters, des jeux vidéos et du pop-corn.
On en a pas fini avec Star Wars et les records tomberont sans doute les uns après les autres. Mais la force n'est plus, ni du côté obscur, ni du côté lumineux. La force n'est plus du tout.
Je n'ai donc aucune critique à formuler car cet épisode, au contraire du précédent, s'affranchit avec un certain brio des origines. On ne peut pas reprocher à Ryan Johnson d'avoir plagier quoi que ce soit, au contraire de l'épisode 7, calqué de façon éhontée sur Un Nouvel Espoir.
Les originalités sont nombreuses, le design extrêmement cohérent et le jeu des acteurs sans défaut.
Mais c'est vide. On se s'attache à rien. Tout passe et rien ne reste.
Même John Williams, génie s'il en est, ne sait plus à quoi accrocher ses bémols et ses dièses.
Épisode de luxe donc, mais épisode jetable. Ce n'est plus Star Wars, c'est Disney. Le Disney du Google Age. Avec les grosses blagues à deux balles pour forcer le trait, et le relais des médias pour décider des scènes cultes.
À ce niveau, avec de tels enjeux, on prive même le public de se faire sa propre opinion. On lui donne à choisir entre bien et mal et on le tient serré dans l'étau de la « com » omniprésente.
La première trilogie, bien que source de grands profits (et profit n'est pas un gros mot), parlait encore au cœur et à l'âme.
Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... si lointaine ... qu'elle s'est perdue !