"...c'est la capitale du mensonge, pleine de pinocchios.
(Ne les crois pas ou) tu finiras aussi en âne"
Un film que j'ai d'abord mal pris et abandonné assez vite. Trop vite.
En salle, je n'aurais pas pu faire ça.
J'ai été rétif à l'acteur mais j'ai surtout été injuste et léger.
Car j'ai repris le film et lentement mais surement, il m'a gagné.
Je décide d'oublier ou ne pas me soucier si c'est vrai ou pas, c'est pas un doc ou un Complément d'enquête.
Ce n'est peut-être qu'une hypothèse ou mix des auteurs.
Des rêves éveillés un peu comme des fins de films rêves éveillés de Quentin Tarantino s'imaginant Sharon Tate en vie et qu'on punit Hitler et Charles Manson.
Ici ils émettent l'hypothèse (pas nouvelle en partie) que David Jones était mu par la peur de devenir malade psychotique comme son frère ou les soeurs de sa grand-mère...
Ils mettent très bien en image la tristesse d'un frère dont l'ainé héroïque souffre d'une maladie mentale. Les deux acteurs sont très crédibles lors de ces scènes...le spectre à jouer est très large. Face aux premiers signes: les questionnements, les doutes, L'incrédulité, l'amusement, l'amusement apeuré, la crainte, la peur, la tristesse, l'impuissance, la fatigue, la culpabilité, la hantise, l'anxiété et l'invasion par le soucis même à des kilomètres de distance et en plein boulot et vie personnels...être là mais sans être là...
Apparaître comme étant au travail pour les autres, ici en réunion super importante pour son avenir,
ou être en plein milieu d'une soirée entouré, mais en fait , être seul et transporté ailleurs...
son esprit est ailleurs et encore auprès de son frère ainé malade.
Les auteurs arrivent à illustrer cette obsession que peut être le soucis d'un proche qui est malade.
Ce qu'on oublie sans doute vite au sujet de David Jones "de fucking Bromley" car on n'aurait tendance qu' à voir la star David Bowie, entre autres, de Gstaad.
J'aime la scène où il surprend ses parents inquiets pour lui car à ce même âge, Terry le frère malade ne donnait aussi aucun signe d'inquiétude...comme David.
Ce qui plante la graine du doute, il va vivre avec cette épée de Damoclés: peu importe si cette scène est vraie et peu importe presque que ce soit au sujet d'une future star.
C'est une bonne idée finalement d'avoir focalisé sur une possible zone vaseuse et de doute et de transitions où tout peut partir et n'aboutir à plus rien de plus, comme tant d'autres artistes.
Voir une star, pas à ses débuts mais dans une phase vaseuse, à un rond-point où tout peut arriver, se révèle un sujet prenant.
J'ai aimé des scènes sans savoir si véridiques.
Son arrivée aux Etats-Unis. L'accueil à l'aéroport et les questions sur sa vie sexuelle par les douaniers?
A t il vraiment logé chez l'employé de la maison de disque, nourri par la maman de la maison qui vient aussi le chercher à l'aéroport? ^^
A t il vraiment reçu un ami de ce 1er fan, allongé sur un divan avec masque? C'est ma scène favorite: Bowie, sincère et dépendant de l'avis d'un puissant, qui finira par se moquer de lui.
Car il le fait parler pour rien et lui fait jouer un numéro de mime mais pour se moquer. Genre Le Diner de Cons.
ça doit être dur pour des fans de voir David Jones et son masque, comme on voit François Pignon et ses allumettes...sauf que les deux sont sincères et bosseurs et ont l'élan vital des passionnés et leur volonté Indéfectible et étanche aux sarcasmes acides.
Je garde surtout l'illustration de la tristesse d'un frère de voir son grand frère malade: elle se révèle touchante.
Le voir en pleurer devant son miroir (fleuri) car il se rappelle la 1e crise psychotique de son frère.
Miroir où son reflet devient flou (très bonne idée visuelle).
Comme le sera l'idée de rapprocher la fosse d'une salle de spectacle d'un vide de balcon du haut duquel le personnage pourrait sauter:
"Si je n'avais pas fait ce métier, je me serais suicidé" (Daho par Daho)
Je n'ai aucune idée si toutes les scènes, idées et suppositions sont vraies aussi mais:
__son ami Marc Bolan (non crédité ici) est présenté comme moqueur et ironique et prétentieux;
les auteurs lui font un peu jouer le rôle et le dialogue du concurrent de Ricky Gervais dans la série Extras.
Je n'ai aucune idée si c'est vrai mais Angie (celle de la chanson; Jena Malone m'a rappelé Nicole Kidman) est présentée comme une force motrice qui le défend plus qu'il ne le fait lui-même. Puis comme déçue de ne pas être son double en réussite, d'être "la reine" du Roi.
Puis son attaché de presse est présenté comme son conseiller spirituel et celui qui lui fait découvrir les Stooges? ...et qui lui fait même découvrir Iggy Pop?
"il est authentique," lui
J'ai du mal à croire que David Jones ne connaissait pas les Stooges.
C'est la scène en voiture où David Jones lui parle de son admiration et respect pour Vince Taylor, et cette fois, c'est l'Américain qui ne le connait pas: DJ explique qu'il a été considéré comme "l'Elvis Français" (il a vécu en France) et il l'aurait trouvé recroquevillé au sol, "c'est là où les extraterrestres vont me ramasser" (info qu'il répétera sur scène refusant de chanter face à un public furieux).
Cet attaché de presse, meilleur que celle d'Elie Kakou dans ses sketchs...est joué par un Marc Maron (déjà attaché de presse de De Niro dans le 'Joker'?)
Ils ratent un RDV avec un journaliste de Rolling Stones à New York alors Jones demande à aller voir Andy Warhol qui en effet le filmera mais avec dédain et peu d'intérêt.
Bowie racontera souvent ce mauvais accueil alors qu'il admirait Warhol: à tort selon son attaché de presse:
"c'est un vampire, un copieur, un voleur"
(...ce qui sera d'ailleurs parfois reproché à Bowie.)
Autre bonne scène clé: l'attaché de presse et ami lui dit qu'il peut 'passer de meilleures soirées à NY" qu'avec la clique d'Andy....et il l'emmène voir celle de ...Lou Reed.
DJ est filmé comme fasciné et ayant une épiphanie à la vue du Velvet Underground.
Ce concert avec Lou Reed se révèle sans Lou Reed...car Bowie aurait parlé à un "sosie" pendant deux heures.
J'ai trouvé très Bowie qu'il ne se vexe pas du tout. ça colle avec les infos d'autres docs et livres.
Il était la curiosité faite homme, à 100% et à tirer le + de toutes les situations culturelles.
J'ai aimé cette scène, son speech et les idées autour de ce Doug Yule, membre des Velvet Underground: 'fausse ou vraie, la star, est créée par celui qui regarde.' (c'est pas la phrase exacte).
Le résumé de SC et du distributeur disent que c'est l'attaché de presse qui lui fait inventer Ziggy.
Non seulement c'est, sauf erreur, faux en vrai, mais c'est faux aussi dans le film où c'est un psychiatre en "drama-thérapie" et son frère jouant un chanteur... qui lui donneraient l'idée.
D'ailleurs les propos du docteur sur la schizophrénie de son frère sont complétement dépassés et ont été depuis très démystifiés, mais c'est une bonne scène sur un vrai moyen-âge de la médecine.
On voit aussi son attaché de presse lui donner un 45T d'un de ses autres artistes ("qui n'a pas décollé"): 'The Legendary Stardust Cowboy'
qui est supposé aussi faire partie du patchwork d'influences qui amèneront au 1er collage/personnage de Bowie.
La "journaliste Jeanne Richardson de Skyline" ne semble pas exister, selon Internet: c'est celle à qui, il ne parle pas, préférant coucher avec l'inconnue qui lui offre de la cocaïne.
Bowie entre deux eaux désespérant de réussir aux Etats Unis est pas mal,
mais Bowie chantant Brel est génial en vrai et ici aussi.
"All that madness": il cache en écriture la maladie de son frère comme beaucoup cache celle de leur proche; en ont à tort honte ou ne la comprenne pas (assez justement là).
Laura Linney joue aussi dans 'Love Actually' un personnage dont la vie professionnelle et amoureuse est compliquée par son frère en asile, qu'elle cache un peu. Ou n'ose pas aussi en parler.
J'ai éclaté de rire et adoré la (supposée?) scène où Mick Ronson découvre les costumes de scène pour le "1er concert de Ziggy sur notre Terre" comme dit l'annonce:
"...pantomine puffs...you are NOT an alien David! you are from BROOOOôôôôOMLEY"
"The funeral of my youth":
...et le film aura eu le mérite de me refaire (re)découvrir des versions de Bowie de Brel (je connaissais bien Amsterdam, mais moins 'My Death'):
_"But whatever is behind the door
There is nothing much to do
Angel or devil I don't care
For in front of that door
There is you"
...peu importe ce qui m'attend après,
derrière la porte de la mort,
car avant, je suis avec toi, devant, tout ce temps.
ps: je joue le candide et le naïf à cause de ma mauvaise mémoire mais j'ai sans doute écouté, mais il y a longtemps, quasi tous les albums (Studio) de Bowie et de ses groupes...
et j'ai sans doute vu quasi tous les docs à son sujet, mais ce film est un oeuvre à part, une approche à part et personnelle des auteurs.
Mes autres textes sur Bowie avec quelques "vraies" infos:
__Son premier album, lui et une guitare et où il creuse sa tombe...
___Un très bon doc meilleur que mon texte et sans doute plus 'biopic respectueux': "L'homme aux 100 visages ou le fantôme d'Herouville".
___Et une anecdote sur le tournage d'un clip de 'Scary_Monsters' : amusant et classieux bonhomme mais qui commencera alors sans doute à douter de son choix de costume ce jour là...