On ne s'étonne pas que la famille de Bowie a refusé ce biopic jusqu'au bout, il est exécrable. Il y avait pourtant moyen de faire tellement bien, on attend toujours le biopic percutant et décalé (à l'image du chanteur) qui nous fera trémousser sur nos sièges, avec Tilda Swinton dans le rôle-titre (le rêve absolu), qui nous remplira la tête d'informations incroyables (ce n'est pas cela qui manque, dans la vie tumultueuse de Bowie !) et nous donnera la folle envie de repasser tous nos vieux disques à fond et fenêtres ouvertes sur le chemin du retour. Dans ce Stardust, rien de tout cela, on a clairement l'impression que le réalisateur n'a rien compris à la vedette : le comédien Johnny Flynn ressemble autant à Bowie que moi (impossible de ne pas voir un gars avec une grosse perruque et des lentilles de couleurs) et sa version finale de Ziggy Stardust semble plus proche du cosplay raté amateur qu'un vrai travail de costumier et maquilleur (ou peut-être ces derniers partaient-ils de trop loin pour pouvoir faire quelque chose de correct ?), le biopic ne s'intéresse qu'à quelques années de la vie du chanteur (pas les plus intéressantes : sa percée aux États-Unis), est très bavard (ce que c'est mou ! On s'ennuie ferme) et surtout (surtout surtout) il n'y a pas les chansons. Protégées par le droit d'auteur de la famille, les chansons sont donc absentes de ce biopic, ce qui ridiculise souvent le propos : on cite les chansons, on en parle, mais si vous ne les connaissiez pas, vous allez regarder le film comme un album d'images écrit en chinois. L'immense autre grand tort du film est de partir du principe que vous savez déjà tout sur Bowie (heureusement qu'on avait regardé un docu d'Arte, qu'on vous recommande, d'ailleurs !) : "Je vais m'appeler Bowie et plus Jones" - "OK."... Et sinon, expliquer que ce nom est une référence aux couteaux Bowie, car il voulait que ses chansons soient aussi "marquantes, percutantes, violentes" qu'une bonne lame, c'était trop demander ? Apparemment oui, de même que de s'intéresser au contexte de création des chansons et au personnage de Ziggy, ici balayé en un revers de main. Tout ce qui intéresse Stardust, ce sont les scènes de dispute avec le producteur, les relations ambiguës avec le sexe féminin, et les petites ballades à la guitare ("Dans le port d'Amsterdam...", bah oui, comme on n'avait pas les droits pour Heroes...Mais c'est pareil, non ?). Bref, un film qui aura du mal à convaincre n'importe quel public : si vous êtes déjà fan de la vedette, ce biopic qui ne lui va pas au teint vous décevra amèrement, et si vous étiez un simple curieux, vous perdez votre temps car vous n'apprendrez rien. Un bon conseil : allez plutôt chercher du côté d'Arte, qui a d'excellents documentaires (pas ennuyeux, promis !) sur Bowie : David avant Bowie, Bowie en cinq actes, David Bowie à Berlin...