La carrière de John Carpenter est aussi chaotique qu'intéressante. Du chef-d’œuvre au ratage, l'homme a tout connu. Mais il a toujours su se faire une place dans le cœur des spectateurs. Pour l'amateur curieux, le plaisir de la découverte est souvent au rendez-vous. Ainsi en va-t-il avec Starman, un film un peu à part dans son œuvre.
C'est en effet peut-être la première fois qu'il se frotte (avec réussite et ce, malgré quelques maladresses) au registre de l'émotion. Entre comédie et fantastique, le réalisateur explore le meilleur et le pire de l'être humain. Jeff Bridges a beau faire l'andouille autant qu'il peut et nous faire sourire, sa gestuelle et son décalage n'éludent en rien l'évocation très juste, au travers des grands yeux émouvants de Karen Allen, de l'absence, du deuil et des amours impossibles.
La traque oppose les agences gouvernementales et la police aux gens simples et oubliés de l'Amérique profonde, ceux qui voyagent à l'arrière des pick-ups ou des trains de marchandises, ceux qui travaillent dans des restaurants savoureux bordant des routes interminables. En filigrane, la violence inhérente à un pays où les armes à feu circulent presque librement, la domination des forts sur les faibles et toujours une certaine affection pour les belles bagnoles et les anti-héros qui fument. A l'image de son principal protagoniste, cette romance pas comme les autres a quelque chose d'attachant. Un je-ne-sais-quoi de céleste...