Starship Troopers par Nicolas Montagne

Paul Verhoeven est décidément un réalisateur maudit. Après le fiasco de Showgirls, voici celui de Starship Troopers, film qui aurait dû être une petite révolution. Noyé sous le phénomène Titanic à l'époque de sa sortie, c'est un film phénoménal qui est complétement passé inaperçu. C'est plus que dommage dans la mesure où il ne s'agit ni plus ni moins que de l'un des meilleurs films de son auteur. Ayant déjà prouvé avec Total Recall qu'il était doué pour mettre en scène un univers totalement inventé, Verhoeven remet le couvert avec Starship Troopers, film critique s'il en est.

Avec ce film, Verhoeven montre l'Amérique du doigt (même si les héros du film viennent d'Argentine). Tout y passe: le patriotisme, le fascisme, l'excès de confiance en soi,...Verhoven est d'ailleurs accusé, à l'époque de la sortie du film, d'être un fasciste et de le montrer avec fierté dans ce film. Cela montre à quel point le second degré a du mal à passer dans un monde où l'on se contente de vivre les films, et non de les comprendre. Nouveau coup dur pour le génie hollandais puisque ce projet qui lui tenait tant à coeur est finalement incompris et rejeté.

Le film n'en demeure pas moins une leçon de cinéma, avec des mélanges de sources à la De Palma (notamment ces flash info décapants ou les scènes filmées caméra à l'épaule par un reporter) et la mise en place d'un univers cohérent à la façon Star Wars. Verhoven montre une fois de plus qu'il sait gérer les très gros budgets pour offrir à la fois de l'entertainment et une discussion intelligente sur le monde actuel. Starship Troopers se montre néanmoins drôle dans son lynchage, d'un rire jaune, avec la violence typique de Verhoeven en prime. Les effets spéciaux sont pour le moins bluffants,et l'on se souviendra longtemps de ces ET-insectes complétement vicieux.