A touch of Grace everywhere.
Sujet difficile mais abordé tout en justesse et en retenue. Le quotidien d'un centre d'accueil pour enfants et adolescents en difficulté n'a rien de réjouissant mais ici on n'en fait pas tout un plat. L'atmosphère est parfois pesante mais cela n'empêche pas les moments de détente voire de rigolade. C'est un mélange entre les enfants et les éducateurs, chacun son histoire, chacun ses tourments mais ils se retrouvent unifiés dans la même galère. Le tout n'est pas de s'apitoyer, on panse les plaies car c'est un refuge. Les éducateurs sont là pour donner les clés aux enfants, à eux de les saisir pour se reconstruire.
Ils sont responsabilisés, le centre est un cadre qui permet de les faire vivre en communauté même si ce n'est que temporairement. Chaque voix a son importance tant que tout le monde s'exprime dans le respect d'autrui. Il y a des accrochages, forcément, puisqu'ils ont tous un passif émotionnel lourd, surtout qu'ils n'ont sans doute jamais été valorisés ni même respectés eux même auparavant. Malgré les difficultés rencontrées j'ai été saisi par la vérité qui en ressort. J'y ai cru de la première à la dernière minute. Le lien est fort entre les éducateurs et les enfants, c'est normal. Le petit plus qui fait la différence dans cette proximité étant que l'écart d'âge entre eux est minime. Les éducateurs sont de jeunes adultes avec malgré tout une maestria pour gérer les conflits. Ils sont relativement expérimentés tout en ayant pas encore tout vu ni tout fait. Il n'y a pas d'usure ou de lassitude. Des problèmes oui mais les gamins sont prioritaires.
Par souci de clarté l'histoire ne se focalise que sur certains personnages et c'est très bien ainsi. Nul besoin de tomber dans l'excès ou le cumul de malheurs. On sait pourquoi ils sont là. Le couple d'éducateurs interprété par Brie Larson et John Gallagher Jr est le plus mis en avant, à raison. Leur relation est fascinante à suivre que ce soit entre les murs du centre ou en dehors. Leur attachement est sincère, ils sont faits l'un pour l'autre ça crève les yeux. Ils grandissent ensemble, se subliment l'un l'autre malgré la douleur ou les doutes. Une de mes scènes préférées est d'ailleurs le moment où on les retrouve chez eux un soir après avoir travaillé au centre. Ils sont assis l'un en face de l'autre dans le canapé et ils se croquent mutuellement. Le dessin de Grace est remarquable, on reconnait parfaitement les traits de Mason. Puis Mason dévoile le sien à Grace, et il ne sait absolument pas dessiner, c'est catastrophique le manque de talent absolu mais on s'en moque parce qu'il y a mis du sien et il en est fier (à juste titre). C'est un passage à la fois attendrissant, mélancolique et tellement drôle. Et ça cristallise finalement très bien l'état d'esprit du film.
La fin s'écarte un peu du ton général du film donc j'ai eu du mal à l'apprécier à sa juste valeur, le coup de la batte était un peu too much pour moi même si ce n'est pas totalement choquant. A l'arrivée la boucle est bouclée comme il faut quand Mason raconte une de ses fameuses histoires dont il a le secret (il le fait aussi au tout début du film).
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