Là, on a Belmondo qui fait du Belmondo… sans le faire.
On peut pas comparer ce qu’il fait dans ce film à d'autres comme « Flic ou voyou », parce que oui, il joue de manière théâtrale, ce qui saoule et s'en joue (il y a une longue scène dans un théâtre), Belmondo a débuté au théâtre faut le rappeler et incarne ici un homme qui est schizophrène (son docteur incarné par Michael Lonsdale l’explique) : donc Belmondo est vraiment bien dans les scènes où son personnage s’emporte, à des répliques tranchantes, où il bouille aussi intérieurement.
C’est un rôle vraiment psychologique, qui lui a sans doute demandé beaucoup. Ca se voit qu’il s’est donné à ce personnage, cet être complexe, en apparence je m’en foutiste mais hanté par le suicide de son père. Peut être dans ses premiers films de « La nouvelle vague » (dont j’ai vu des extraits), on a pas l’habitude de voir Belmondo dans ce genre de rôles, vulnérable, humain, qu’il ferait plus vraiment par la suite. C’est aussi le piège de ce film : je m’attendais à de l’action : fusillades, braquages, ce genre de trucs, en fait : non dans « Stavisky » : il y a pas d’action, tout passe par les dialogues qui disent beaucoup, par les regards (Anne Duperey est vraiment bien, Michael Lonsdale adorable), par les habits, décors : c’est une époque qui est décrite, un milieu : l’élégance, la luxure (les scènes de casino). « Stavisky » est un film qui n’est spectaculaire que dans sa description psychologique d’un être, au fond, insaisissable.