Le portrait de l'escroc Stavisky, figure emblématique des grand scandales républicains d'avant-guerre, par Alain Resnais et Jorge Semprun prend d'autant plus de relief qu'il se fond dans une reconstitution remarquable des années 30. Et sans doute, le cinéaste, toujours dans la recherche formelle, s'est- il montré plus intéressé par l'esthétique du film que par la direction d'acteurs, assez négligée. Et dans le rôle-titre, Belmondo n'est pas loin de belmondiser...
Resnais n'envisage pas, semble-t-il, de réaliser une chronique historique ou politique; pour évoquer l'affairisme et la corruption incarnés par Stavisky, le cinéaste procède par allusions, citant quelques personnages réels mais pas les plus importants. Tout en suggérant cette époque où des politiciens sont compromis et des fonctionnaires corrompus, Resnais s'attache à découvrir la personnalité de Stavisky, dont un des traits de caractère principaux serait la mégalomanie. On entre dans l'existence fortunée de cet immigré russe au moment ou son stratagème boursier menace de s'effondrer (il est un autre immigré russe, Trotsky, que Resnais évoque malicieusement, au cours du film, comme ne bénéficiant pas, lui, des faveurs de la République dans son exil).
L'intrigue est intéressante, pleine d'enseignements sur les moeurs de la Troisième République , et la réalisation est élégante. Les protagonistes, en revanche, semble trop simplifiés.