En 2004, Marc Forster avait livré Neverland, l'histoire touchante du créateur de Peter Pan, et du petit garçon lui ayant inspiré son personnage. Un film porté par un casting d'exception et des personnages attachants.
En 2005, il revient avec... Stay. Au lendemain du visionnage de ce film, j'hésite encore à le définir comme une totale perte de temps ou comme une œuvre de pur génie. Disons que Stay était sur la voie de la réussite.... mais s'est paumé en chemin.
Ce qui m'a le plus perturbé, tout au long du film, c'est l'intention du réalisateur de nous emmener dans une direction toute autre que celle du film. Attention, je n'ai rien contre ce procédé, beaucoup de réalisateurs s'y sont essayés, avec succès.
C'est peut-être une impression tout à fait personnelle mais, jusqu'aux dernières 10 minutes, j'étais persuadé que Forster était atteint de l'effet "Enemy" ; une petite astuce légèrement redondante ces dernières années, qui consiste à faire du "gentil" et du "méchant" (ou encore du "traqueur" et du "traqué"), une seule et même personne, sous couvert d'une maladie psychologique aiguë.
Alors bien sûr, la fin n'en est que plus surprenante. Mais était-ce vraiment une bonne idée de nous faire croire à un retournement de situation qui allait être invalidé par un retournement encore plus compliqué ? Était-ce bien malin de nous faire croire que Sam et Henry était une seule et même personne, de façon si exagérée que l'on devenait convaincu de l'incapacité du réalisateur à maintenir le moindre suspens ? En un mot, pourquoi Forster a-t-il camouflé son tour de génie derrière une mise en scène qui le faisait passer pour un éléphant dans un magasin de porcelaine ?
La mise en scène, le jeu d'acteur, le développement de l'intrigue : tout est brillant... du point de vue de quelqu'un connaissant déjà la fin de l'histoire. Au premier visionnage, tout semble horriblement prétentieux et convenu, tant l'issue paraît certaine. Peut-être était-ce le but après tout, peut-être Forster voulait-il que les gens détestent son film au premier visionnage avant de s'apercevoir pendant les 10 dernières minutes que les petits prétentieux bah.... c'était nous !
Toujours est-il que la première impression est toujours la plus persistante, et malgré le final qui m'a laissé sans voix, je ne parviens toujours pas à voir ce film comme un tour de génie - ce qu'il est pourtant, j'en suis sûr.
Après visionnage, je ne garde en souvenir que le jeu d'acteur très plat (pourtant étonnant de la part de quelqu'un comme Ewan McGregor), des personnages aux goûts vestimentaires extrêmement discutables, et d'une ambiance qui rendrait paradisiaque un mardi soir pluvieux dans la zone industrielle de Dunkerke.
La mise en scène - qui n'est pas sans rappeler celle de Nolan à certains moments - est certes brillante. Mais, comme je l'ai dit, je n'ai pas réussi à l'apprécier à sa juste valeur puisqu'elle nourrit l'impression d'un scénario prévisible.
En conclusion, il faut voir ce film deux fois (au moins). Mais pas comme Dédales, le chef-d’œuvre de René Manzor ou Memento de Christopher Nolan, où il fallait revoir le film pour en saisir toutes les subtilités.Non, la raison pour laquelle il faut revoir Stay, c'est parce que Forster réussit à convaincre son spectateur que son film est une merde, avant de révéler qu'il s'agit en fait d'un coup de maître....
Ce qui peut marcher. Ou pas.