Jacen - Trip in Asia

Steel Flower (2016) - 스틸 플라워 / 81 min
Réalisateur : Park Suk-Young - 박석영
Actrice Principale : Jeong Ha-Dam - 정하담
Mots-clefs : Corée ; Drame ;

Le pitch :
Une jeune fille sans domicile fixe se rend à Busan pour tenter de trouver du travail. Sans téléphone ni papiers, elle va de jobs en jobs, poussée par son seul instinct de survie, et sa fascination pour les claquettes.

Premières impressions :
Définitivement un film que je n’aurais pu rencontrer qu’en festival. Steel Flower m’a d’abord laissé perplexe avant de m’embarquer totalement dans sa longue marche dans les rues de Busan. Avec très peu dialogues et une intrigue peu explicite, ce film nécessite un vrai effort du spectateur, ce qui peu en rebuter plus d’un.

C’est que le film se limite à suivre la survie quotidienne de son personnage principal dont je ne crois pas que l’on apprenne le nom. Alors, dans l’inconnu, sans dialogues, sans même une musique pour nous guider, on se prend à avoir peur de tout pour l’héroïne. Une ruelle mal éclairée, une maison abandonnée où elle passera la nuit, un homme qui la regarde et qui lui adresse la parole… Tout est susceptible d’être dangereux. Juste armé d’une caméra toujours proche de l’actrice, le réalisateur remue nos sentiments tout en sachant rester pudique. Nul besoin de scène gore, nul besoin de sang pour confronter le spectateur. Park Suk-Young sait nous épargner du pire, ce qui rend son film encore meilleur et la violence quotidienne plus tragique.

De son héroïne, le réalisateur ne nous dévoilera rien. D’où elle vient, qui elle est, comment elle s’est retrouvée dans une telle situation, tout cela nous restera à jamais étranger. Certainement une façon de nous renvoyer à notre vision des sans domiciles fixes que nous croisons tous les jours sans rien ne vouloir en savoir. Toutefois, ce choix nous empêche de nous placer totalement dans la peau de la jeune femme, ni même de la comprendre. Son incapacité à communiquer correctement, l’incapacité des autres à lui parler, suppose d’office une barrière avec le spectateur.

Alors on regarde impuissant cette vie qui passe sous nos yeux. Cette recherche désespérée pour exister. La jeune femme ne veut rien d’autre que travailler, avoir un regard, produire quelque chose, ne serait-ce qu’un bruit de claquette.

Dire que j’ai compris le film serait présomptueux. J’ai trouvé parfois que le film avait des longueurs et je me suis régulièrement senti dépassé par le message, comme lorsque la jeune femme se retrouve sur le port de Busan, face à l’océan et qu'elle se laisse délibérément fouetter par les vagues qui se brisent sur la berge. J’y vois une façon de se sentir vivante en se mettant en danger, mais sans réelles explications autre que le symbolisme, je dois me rendre à l’évidence que tout le film ne peut reposer que sur la propre interprétation de chacun.

En sortant de la salle, je pensais que je n’avais pas vraiment apprécié Steel Flower, mais finalement plus j’y pense, plus il reste mystérieux et beau à la fois. Mon côté bobo sentimental certainement. Triste et doux, poignant mais jamais lacrymal, Steel Flower est un film à voir comme l’on déguste une nouvelle cuisine, avec curiosité et humilité.