Cela fait de très nombreuses années que le genre biopic patine dans l'uniformité de sa structure narrative. On commence à A pour finir à Z en veillant bien à répéter toutes les autres lettres dans le bon ordre.
Aaron Sorkin et Danny Boyle vont à contre-courant, nous destructurent toute cette conformité devenue maladive et nous invitent au coeur de l'Histoire dans un récit riche et audacieux. C'est ainsi que pour retracer le parcours d'un homme, ils choisissent de le faire à trois périodes différentes de la vie de Jobs, à savoir dans les coulisses du lancement des trois présentations de produits que sont le Macintosh, Next et Imac. Au lieu de suivre un cheminement chronologique préétabli, Sorkin nous mixe de cela avec une maîtrise remarquable.
La simplicité avec laquelle les protagonistes de la vie de Steve Jobs interviennent et intéragissent avec lui est désarmante tant il fallait y penser. En effet, en retraçant le vie de Jobs aux travers des trois conférences, la narration brise littéralement la monotonie du principe de biopic. Naît ainsi une véritable tension, un engagement du spectateur bien plus prononcé qu'à l'accoutumé et permet de profiter pleinement des personnages et de dialogues particulièrement incisifs.
La distribution est d'une rigueux impeccable, Fassbender et Winslet au sommet. Boyle met tout cela en scène de manière aussi immersive que possible sans jamais donner l'impression d'être dans un énième documentaire. La bande originale finit de parachever un superbe tableau.
Steve Jobs et sa vie, pour rester sympa, j'en avais rien à faire. Que Sorkin et Boyle aient réussit à me captiver, à me surprendre et dans une moindre mesure à me piéger signifie que Steve Jobs est à mes yeux le meilleur film US du mois de Janvier et l'un des biopic ou "contre-biopic" les plus remarquable de ces dernières années.