Une famille se réunit quinze années après la mort de leur frère. Et dieu sait que c'est passionnant! Il n'y a pas d'intrigue, aucun fil conducteur, juste la vérité d'une nouvelle rencontre, de discussions familiales, à propos du passé, du futur et du présent de chacun des membres de la famille.
Nous retrouvons à nouveau ici, comme à l'habitude de Kore-Eda, l'intérêt de l'auteur à propos de la nostalgie, de l'évasion vers la jeunesse, de son désir de filmer l'innocence et la découverte du monde qui nous entoure. Nous pourrions évidemment faire références à ces magnifiques scènes où, les enfants, sous une lumière éclatante qui crée une rupture avec les situations précédentes, se font la courte-échelle dans le but de cueillir une fleur à un arbre. Et c'est filmé avec une telle beauté! Comme si il y avait une inversion de l'émotion retransmise au spectateur, comme si Kore-Eda voulait autant nous émouvoir par la beauté de l'âge adulte comme avec la beauté de notre jeunesse.
Un film très personnel de même. Puisque Kore-Eda repris divers éléments de sa propre jeunesse. Plusieurs caractéristiques se situant dans les détails, mais se ressentant. Puisqu'il y a une sorte de relation personnelle qu'effectue le réalisateur avec le spectateur. Ça sonne vrai, et cet assemblage de détails, constitués de simples attitudes, costumes, caractères fournissent de pures instants de beautés.
Cette direction d'acteur, de même, atteint la perfection. Nous pensons immédiatement que ces personnages existent, qu'ils vivent en dehors de ce qui nous est montré. Mais chaque moment dramatique est émouvant, chaque moment gênant est gênant, chaque moment humoristique est drôle. On a l'impression de vivre à côté d'eux. Ces dialogues sont d'une rare vérité. L'attachement que crée ces personnages envers le spectateur est d'un rare attachement, figurant parmi les plus puissants présents dans la filmographie d'Hirokazu Kore-Eda.
Je ne pourrais pas énumérer des scènes m'ayant réellement marqués, puisque le tout figure en une seule unité. Et l'émotion s'intériorise tout au long du film. Du début jusqu'à la fin. A l'exception de celles centrés sur les enfants déjà évoqué auparavant, l'émotion se construit et reste constant. Nous possédons de l'empathie aussi bien pour le jeune marié, que pour son beau-fils, sa femme, sa soeur, son beau-frère, ses neveux, et surtout pour son père et sa mère. Puisque chacun d'entre eux est construit, représente un personnage différent mais se situant en parfaite harmonie par rapport à un tout.
Les mouvements de caméra se font peu nombreux. Se font discrets. Mais sont présents. Il serait évident de comparer Kore-Eda à Ozu, mais leurs thématiques, leurs directions d'acteurs, et leurs partis pris esthétiques diffèrent. Le réalisateur de Still Walking s'émancipe de ses influences et possède un propre style personnel. Et le film illustre parfaitement ce côté personnel. Pour rester dans la comparaison avec Ozu, je ne trouve pas, au contraire, que Kore-Eda tombe dans la fadeur des plans fixes (je n'apprécie pas Ozu, c'est personnel, ne m'en voulez pas, je suis là pour encenser un film, non pas pour dire du mal d'autres), ces légers mouvement apporte du vrai, du contemplatif, du rapprochement envers cette vie quotidienne. C'est beau. C'est magnifique. C'est vrai. C'est parfait.