Cueilli comme une pomme
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Sur l'affiche de Stillwater manque cruellement le visage de la jeune actrice Lilou Siauvaud, exceptionnelle dans le rôle de Maya, l'enfant chez qui sera hébergé un Américain venu voir sa fille aux Baumettes.
Maya, aux côtés de Bill (Matt Damon), porte en effet ce film, lui imprime une profonde tendresse qui contraste (à dessein) avec la relative froideur de la relation que ce père brut de décoffrage, ancien alcoolique, entretient avec Allison, détenue depuis cinq ans pour un crime qu'elle jure ne pas avoir commis.
C'est ce délicat rapport entre un ouvrier à cran, taiseux, non francophone, et une fillette de Marseille facétieuse, terriblement attachante, qui sert de charpente au film de Tom McCarthy --- dont on a pu apprécier la direction d'acteurs dans The Cobbler (2014), film pour lequel il avait offert un rôle audacieux au potache Adam Sandler.
L'intrigue de Stillwater est en réalité moins axée sur l'enquête de l'Américain que sur le choc culturel et affectif que va vivre cet homme solitaire, non éduqué, lors de son immersion dans une famille monoparentale où comptent la culture et l'ouverture aux autres...
L'appréciation de l'évolution de Bill est essentielle à la bonne réception de Stillwater, au point qu'il paraît fautif de le catégoriser de 'thriller'. Il s'agit davantage d'un drame psychologique
dans la mesure où même les recherches de ce papa meurtri destinées à sortir sa fille de prison (ainsi que ses visites) l'amènent à découvrir un autre univers que celui des plate-formes pétrolières et des chantiers de l'Oklahoma.
À Marseille, sa logeuse Virginie (Camille Cottin, plutôt convaincante), aime recevoir, sortir, discuter, alors que Bill est un pur couch potato chemise-à-carreaux-et-casquette-crasseuse.
La sociolo-anthropologie n'est donc pas en reste puisque deux mondes se télescopent, la cité phocéenne étant largement mise en avant par le réalisateur de Spotlight.
Les petits malins à qui on ne la fait pas ne manqueront d'ailleurs pas de crier au « cliché ! ». Marseille : ses murs tagués, ses calanques, ses quartiers, sa Bonne-Mère, ses Arabes, son équipe de foot, ses chauffards, ses habitants volubiles...
Mais comme ce sont les mêmes individus qui déploreraient qu'un film sur l'Alsace évoque la choucroute, les maisons fleuries et les cigognes ou qu'un autre sur la Bretagne ose montrer la mer, le granit et les crêpes, on se dit finalement que le portrait de la cité phocéenne dans Stillwater est, même à gros traits, plutôt fidèle à la réalité et à cette évidence honnies par les gens-très-intelligents.
Et puis Maya et Bill, donc... : l'angelot sans papa et le redneck bagarreur (presque) sans fille, duo cardinal d'un film qui n'est pas exempt défauts
( la facilité avec laquelle Virginie aide Bill, la justification de cette sollicitude, la scène au stade vélodrome, le maladroit couplet antiraciste... )
mais qui grâce à ces deux personnages si attachants en devient extrêmement touchant ; une très agréable surprise.
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Créée
le 12 sept. 2021
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