Précision obligatoire d'entrée de jeu, ce film a fait l'objet de ma défense de mémoire l'année dernière sur le récit fantastique et mon étude des nouveaux monstres. Je lui ai attribué cette note parfaite, car il répondait précisément à mes attentes en termes de recherches.
Cette oeuvre met immédiatement en lumière Le nouveau monstre déviant du récit fantastique, intelligemment évolué du vampire et en devient le thème central pour diverses raisons. En effet, le titre du film fait indéniablement écho à l’auteur emblématique de "Dracula" et accentue ainsi parfaitement le sens qu'on lui confère. Par ailleurs, la présence vivace de sang, ressentie comme une pulsion, comme une nécessité au bien-être des personnages est prédominante. Il n’est, par conséquent, pas étonnant que le mode opératoire soit la strangulation montrant une prédominance du cou rappelant considérablement nos chimères d'antan.
Charlie est un psychopathe, fétichiste, pathologiquement instable et sincèrement amoureux de sa nièce. Le personnage est un être déviant par excellence, car il s’écarte en tous points des normes de la société. Tel le vampire, il va initier India en la confrontant aux massacres avec habilité, ce qui provoquera une transformation profonde de la personnalité de cette dernière, la faisant basculer de l'adolescente ordinaire à une créature déviante extraordinaire.
Tout comme le vampire, Charlie incarne à la fois cette force fascinante et inquiétante, embrassant les traits manichéens du monstre. Tout le monde est attiré par ce personnage charismatique et charmeur, qui sait malicieusement user de manipulations perspicaces pour entraîner tout innocent dans des tourments plus obscurs, et le détourner ainsi de la dite Morale.
En outre, ce film incarne merveilleusement les pulsions sexuelles et de mort, propres au genre fantastique. Eros et Thanatos sont admirablement bien ficelés dans cette œuvre cinématographique : la relation incestueuse - parce qu'elle est interdite - fascine les protagonistes, les poussant à la transgression des codes sociaux. Elle les attire monstrueusement en subtilité accentuant partiellement, en détails, le plaisir charnel concentré et retenu avant d'imploser. Quant au désir de mort, il est ressenti et joué comme une jouissance intime et fabuleuse par le biais de la masturbation et du meurtre.
Le passé psychologique est mis en lumière et permet d’identifier la faille intérieure du monstre de base (Charlie ici puisqu'il est l'initiateur, le professeur qui ouvre la voie aux pulsions d'India), montrant comment les blessures ancestrales influent sur le comportement de l'Homme. Je pourrais faire une parenthèse sur Zola et "La Bête Humaine" pour montrer comment la fêlure héréditaire détermine les maux qui nous constituent, mais je m'abstiendrai. Souffrant d'un manque d'amour familial, Charlie se sent exclu et devient monstrueux en commettant l'irréparable en tant qu'enfant. Là est le point de départ du dérèglement psychologique du protagoniste.
Sa personnalité solidifiée, il profite de l’état de faiblesse d’India pour s’en accaparer tel un maître qui fait la leçon à son élève. Elle consent pleinement à devenir monstrueuse à la manière d'un viol consenti par les morsures du vampire dans sa victime. Ce consentement n'est possible que grâce à l'instinct animal déjà fort présent chez l'adolescente, représenté par la chasse.
L'histoire relate donc une initiation négative dans laquelle on découvre une totale synesthésie. Les sens sont prédominants et voyagent dans la réalisation pour nous présenter comment l'Homme est Monstre lorsqu'il se découvre Déviant. Il n'y a donc pas de réelle histoire mais plutôt une focalisation sur une évolution immorale.
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