Entre érotisme et violence, mon cœur balance...

A croire que l'année cinématographique 2013 débute enfin avec le retour du Grand Chan-wook.
Un retour colossal et cette fois ci au milieu de la populace ricaine car oui après Old Boy, Sympathy for Mr vengeance, Lady vengeance et Thirst (rien que ça c'est suffisant), le réalisateur sud-coréen piétine les états unis pour y poser fièrement son drapeau.
Ok Wentworth Miller ton scénario m’intéresse mais à présent tu fermes ta bouche! C’est moi derrière la caméra ! PCW est un perfectionniste qui a une maitrise absolue de la réalisation et de la mise en scène. Il sait placer au bon moment SA petite touche qui fait frémir le cinéphile sur son siège. Quelle intelligence artistique tout de même !

Bon, il est temps d’extrapoler sur ce petit bijou cinématographique.
Avant cela bien évidemment, il est nécessaire de rappeler brièvement quelle est la trame du film pour ceux et j'espère qu'ils sont peu, qui ne l'ont pas encore vu.

Une jeune fille nommée India (magnifique Mia Wasikowska), timide, évasive vient de perdre son père. Elle se retrouve donc seule avec sa mère plutôt bourgeoise, un peu alcoolique (Nicole Kidman) dans une luxueuse maison des banlieues aisées.
Après l'enterrement de son père, un homme élégant (Matthew Goode) se présente comme son oncle, jusqu’alors inconnu dans l'arbre généalogique ou presque. L'adolescente est dès lors très intriguée par ce mystérieux personnage qui s'installe chez eux et qui fait du charme à sa mère, elle est intriguée, agacée et en même temps instinctivement attirée. De là se forme logiquement une relation vicieuse et malsaine entre ces deux personnages qui sans aucun doute ont un secret bien caché en commun.

Entre érotisme et violence mon cœur balance!
Qu'y a-t-il d'érotique dans ce film? Et c'est là que ça devient intéressant.

Dans un premier temps, un érotisme sensoriel avec cette photographie magnifique, ce jeu de couleur éblouissant et ce rapport constant avec la nature. Des plans et des transitions subtiles qui allient images fantasmatiques et bruitages transcendants. Le générique d'entrée et cette fin sont juste des moments à contempler la bouche ouverte. Le réalisateur s’attaque également à la nature humaine et aux pulsions sexuelles. Notamment ce doux vice de vouloir mêler innocence et violence, mort et jouissance avec cette scène sous la douche où fantasme, folie et sadisme ne font qu'un comme si l'un n'allait pas sans l'autre ou encore ce cour de piano orgasmique et purement malsain.

C'est ainsi que la limite n'est jamais franchie et que l'ambiguïté pousse le spectateur à sourire devant des scènes habituellement repoussante et pourtant belles. Une fleur parsemée de sang devient plus agréable à regarder qu’une fleur encore innocente.

Beau et repoussant c'est ce que représente d'ailleurs l'oncle Stoker. Un personnage mystérieux, caricaturé à l'extrême, concentrant toutes les qualités. Un véritable gourou. India s'en rend vite compte et ses rapports avec lui vont évoluer dans tous les sens, l'un manipule l'autre puis l'autre manipule l'un. Un grand nombre de sentiments gravitent autour de leur relation sans jamais y entrer concrètement.

La violence est omniprésente tout au long du film se traduisant d'abord par le deuil, par Irina qui canalise en elle toute la perversité du monde sans s'en rendre compte, puis par ce personnage de l'oncle qui apparait comme un fantôme chuchotant à l'oreille droite et hurlant à l'oreille gauche. Cette violence passe aussi par cette mère riche et célibataire qui ne fait que de picoler de la vinasse et qui entretient une relation froide et amère avec sa fille. Et enfin, violence à travers l'immoralité des relations entre les personnages comme savent si bien le faire les asiatiques.

Pour conclure, Stoker est un film à voir et à revoir, un film ayant très certainement quelques décennies d’avance sur le cinéma d’auteur actuel. En effet, c’est un film profondément asiatique(le physique de Mia ou encore la relation ambiguë et malsaine entre un sensei et son élève) et légèrement américanisé.

Chapeau bas donc à Park Chan-wook qui fait du scénario simpliste du prison breakeur un véritable chef d’œuvre. Intelligence, beauté, évasion, charisme et innovation. C’est dans ces moments que l’on se rend compte que l’art du cinéma mérite véritablement d’être un art.
Lindor
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le 8 mai 2013

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