Comme je l'avais déjà dit dans ma critique de Démineurs, Strange Days est un des films cultes réalisés par Kathryn Bigelow.
Co-écrit par son ex-mari, un certain James Cameron (quel couple de réalisateurs !), Strange Days est une œuvre fascinante à plus d'un titre.
En effet, si il s'agit bien d'un film de science-fiction, le récit se déroule dans une sorte de futur immédiat et entend stigmatiser les dégâts que peut causer la technologie et notamment le brouillage de la frontière réel/virtuel.
Cependant, le film évite de tomber dans le radotage de vieux con et autres discours demagos autour du virtuel.
Ainsi, Bigelow et Cameron (dont l'ombre plane sur le film) ancre leur histoire dans une ambiance de fin du monde liée au changement de siècle mais qui soulève aussi des enjeux contemporains (l'Affaire Rodney King, les émeutes de LA, etc...), une démarche qui n'est pas sans rappeler celle du récent District 9.
De fait, le discours du métrage est très pessimiste (du moins au début) malgré une esthétique flashy et une ambiance festive qui contraste avec la noirceur du récit.
Car Strange Days est aussi un superbe film noir avec ses héros écorchés vifs : Ralph Fiennes immense dans son rôle de dealer dandy et Angela Basset sublime qui s'inscrit dans la lignée des "Tough Women" (Sarah Connor et autres Helen Ripley).
On retrouve également des éléments de polar noir dans la manière dont le film décrit une société malade ou les hommes laissent libres cours à leurs pulsions.
A ce titre, pour revenir à la question de la technologie, on peut dire que dans Strange Days c'est l'homme qui pervertit cette dernière et non l'inverse (voir la terrifiante séquence d'assassinat en vue subjective).
Un excellent film, porte par un casting d'acteurs devenus trop rares (excepte le grand Ralph Fiennes): Tom Sizemore, Vincent D'Onofrio, Michael Wincott et Juliette Lewis.
Rendons également hommage à la mise en scène d'une Kathryn Bigelow au sommet de son art: je pense à l'hallucinante scène d'intro mais aussi et surtout à sa capacité à filmer la foule et le chaos lors du final.
Avec son univers atypique et ses personnages hauts en couleurs, Strange Days fait partie de ces films qui ne vous laisseront certainement pas indiffèrent.
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