Après le rachat de Lucasfilm par The Walt Disney Compagny en Octobre 2012, la boîte aux grandes oreilles se retrouve dans l'obligation d'achever la production d'un long-métrage d'animation entamé depuis presque 15 ans, le projet se nomme Strange Magic et est fini à 90%. Seulement voilà, le développement du film est à la traîne depuis trop longtemps et le résultat effraie tellement Disney qu'ils refusent de distribuer le film sous leur propre nom et se servent de leur label Touchstone Pictures afin de sortir le film en toute discrétion et d'éviter que les fans de Star Wars ne prennent peur en voyant que le premier film post-rachat est celui-ci. Et histoire d'enfoncer un dernier clou dans le cercueil du film, le projet et la bande-annonce sont dévoilés en même temps 2 mois avant la sortie en salles. La meilleure stratégie du monde pour que le film tombe rapidement dans l'oubli. La critique ne sera pas tendre et assassinera le film d'animation à tous les niveaux.
Ce qui était prévu à la base pour être un OVNI ressemble ironiquement à n'importe quel film "briseur de clichés" ou d'heroïc-fantasy. Strange Magic est à la base une idée de George Lucas. Ce dernier envisage après La Guerre des Étoiles de réaliser une adaptation d'une comédie de Shakespeare, Le Songe d'une Nuit d'Été, et d'en faire un film d'animation musical 100% chanté. Mais le projet est tellement retardé qu'il lui file entre les mains, le Gros Lucas n'est finalement crédité que comme créateur de l'histoire. Les fans s'amuseront à dire que Papy Lucas ne pouvait pas prendre sa retraite sans troller une dernière fois son public.
Ce qui est le plus désolant au final c'est qu'on attende 1h30 pour recevoir la morale la plus éculée du monde au point qu'un des personnages est obligé de le dire à voix haute "Il ne faut pas se fier aux apparences". Je n'ai rien contre les messages déjà vus mais encore faut-il qu'ils soient l'apogée d'une bonne histoire. Ce n'est pas le cas ici.
L'écriture est incroyablement mauvaise. L'histoire ne sait jamais où aller et cumule les sous-intrigues bordéliques tout en changeant aléatoirement l'importance de tel ou tel personnage. Ces personnages sont d'ailleurs tellement dépassés et oubliables. Nous avons le stéréotype de la rebelle de service, celui de la princesses niaise, celui du comique pas drôle, celui du traître charmeur etc.. Aucun d'eux n'est attachant ou ne laisse une empreinte forte dans la mémoire du spectateur. Le seul qui se révèlera un poil plus divertissant que les autres est le "méchant", le Roi Bog mais cela est surtout dû au doublage d'Alan Cummings. Ce faux-antagoniste est d'ailleurs frappé du syndrome Maléfique, a savoir, on insiste sur le fait qu'il est démoniaque, sans pitié et cruel alors qu'il ne fera jamais rien de la sorte. Le personnage n'a donc aucun développement intéressant et n'est là que pour faire croire aux naïfs que ce film est plus intelligent que la moyenne.
Strange Magic essaie de briser les codes des histoires d'amour traditionnelles mais a un bon nombre d'années de retard. Que ça soit sur le plan scénaristique ou visuel. Vous avez vu Arthur et les Minimoys? Epic? Shrek 2? La Belle et la Bête? Maléfique? Ferngully? Alors vous avez vu Strange Magic.
L'univers du film est extrêmement quelconque (et niveau cohérence, mieux vaut pas chercher. Les raisons du conflit entre Les Fées et la Forêt Sombre? On en sait rien. Pourquoi Bog n'a jamais détruit les fleurs d'amour alors qu'elles poussent à un mètre de sa forêt? On en sait rien) et malgré les quelques efforts techniques, Strange Magic ressemble à un jeu vidéo. Les décors font jeu vidéo, les lumières font jeu vidéo, les mouvements trop lents font jeu vidéo, on a l'impression de regarder une suite de cinématiques plutôt qu'un film d'animation. Ça plus le fait que le character design est à vomir. Et côté réalisation, c'est le néant. Gary Rydstrom n'a aucune idée pour rendre son long-métrage vivant et n'a que l'excuse des chansons pour dynamiser l'ensemble bien que ça reste extrêmement mou. Chansons qui constituent d'ailleurs le pire élément du film. Que des reprises musicales immondes version pop de tubes sortis entre les années 50's et 80's. Houston, Marley, Presley, tout le monde passe à la moulinette! Pour un film qui pète plus haut que son cul en dénonçant les princesses qui chantent tout le temps, ce n'est pas très intelligent de placer une quinzaine de chansons prenant la moitié de l'histoire.
Strange Magic n'a rien pour lui. Même en connaissant les conditions horribles de la production, l'indulgence a ses limites. Le seul statut qu'il mérite est celui que le public lui a donné à sa sortie: celui d'un nanar fini qui était destiné à tomber dans l'oubli et qui doit le rester.