Tout semblait annoncer une catastrophe. Dans une atmosphère qu’on jurerait volée à Epic et qui ne semble rien lui apporter de nouveau, Strange Magic instaure une exposition particulièrement irritante. Amourettes, tonalité qu’on devine vaguement ironique mais qui nous sert tout de même sa soupe traditionnelle, le pompon semble atteint par le recours aux chansons du répertoire et clips à rallonge. Certes, un joli split-screen atteste d’une réalisation assez maitrisée et l’animation est loin d’être de mauvaise qualité, mais l’on se prépare à subir ces tartines éculées tout en faisant bonne figure face aux gamins qui ne maitrisent pas encore totalement les concepts de cliché et de mièvrerie.
Et puis… Etrange magie, en effet, que celle de ce récit qui semble jouer avec le spectateur comme avec ses personnages résistant à l’amour. Réécriture fantasque du Songe d’une nuit d’été, le film joue sur tous les tableaux, de l’aventure, de la comédie souvent drôle (particulièrement du côté des méchants, notamment des sidekicks) et surtout du screwball. De plus en plus acerbe avec le sucre qui rend dingues les personnages amoureux, il parvient à ce tour de force d’amuser par la parodie (notamment par l’antienne des Four Tops, en running gag très efficace) et d’émouvoir par la découverte d’un sentiment contre lequel on ne peut rien. C’est bien en assumant cette force irrépressible et en l’exploitant au profit de la jubilation que le film prend son envol, jusqu’à un final psychédélique, kaléidoscope de couleurs et de rythme qui rappelle les grandes heures de la comédie musicale de l’âge d’or.
Une belle surprise, en somme.
Merci à San Felice d’avoir défendu ce film qui semble par chez nous condamné au DTV…