La femme au portrait

A partir d’une histoire originale de Philip MacDonald, Bryant Ford et Paul Gangelin ont développé un scénario astucieux qui met chacune des personnages en situation mais dont la fin, qui se veut à la fois logique et morale, est peut être la seule fausse note. Anthony Mann, jeune réalisateur (c’est son cinquième film sur grand écran) qui après un début prometteur dans le policier avec “Dr. Broadway” s’égara dans la comédie musicale où le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’avait pas l’étoffe d’un Minnelli. Il revient ici dans un curieux film noir, plus près d’un thriller mystérieux, même si on peut voir une femme fatale en Hilda (tiré par les cheveux, je vous l’accorde). Evitant le suspens par une certaine prévisibilité de l’intrigue, les qualités de ses œuvres futures sont déjà présentes : une topographie du piège, la tension qui se développe dans les relations entre les personnages, une sobriété et une efficacité dans les mouvements de caméra qui font que tout est préservé malgré un métrage ramassé en 56 minutes qui force à aller à l’essentiel. Ainsi la densité donne l’impression que le film prend son temps alors que le montage de chaque séquence est au cordeau, aucun plan n’est gratuit. Certes, un film mineur dans l’œuvre du cinéaste, mais qui mérite d’être vu et pas seulement pour les « tout Anthony Mann ».