L’émancipation d’un chien errant…
Mamoru Oshii, connu essentiellement pour ses animations tels les grandioses Ghost in The Shell, a pourtant fait de nombreuses incursions dans le cinéma ”traditionnel” dès ses débuts. Stray Dog Kerberos Panzer Cops, sorti en 1990 est justement le deuxième film live qu’il réalise ; le premier étant The Red Spectacles datant de 1987. Tous deux font partie d’une trilogie dans l’univers des Kerberos en y incluant le film d’animation Jin-Roh, sorti en 1998, sur lequel il n’officie qu’en tant que scénariste.
La trilogie Kerberos Panzer Cops…
Les kerberos Panzer Cops sont une unité d’élite de la police instituée par le gouvernement du Japon d’après-guerre pour maintenir l’autorité du régime en place en écrasant toutes formes de rébellion ; Jin Roh relate cette période où l’unité était employée. Puis l’ordre définitivement installé, l’État totalitaire cherche à dissoudre cette brigade armée devenue inutile et gênante, car trop puissante. Cette dernière va alors se soulever contre le gouvernement… Stray Dog Débute au moment de l’annihilation des kerberos ; le supérieur de l’unité, Koichi, abandonnant ses hommes juste avant la dernière bataille, tandis que Inui, l’un de ses membres dévoués, se retrouve emprisonné pendant 3 ans. Lorsque ce dernier est libéré et suite à quelques errements, il part à Taiwan à la recherche de son supérieur, assisté d’un énigmatique homme en costume blanc…
Pour l’instant, je n’ai malheureusement pas réussi à dégoter le film The Red Spectacles, mais sachez que celui-ci se situe après dans la chronologie de l’univers des Kerberos ; il clôture en quelque sorte la trilogie en se focalisant sur l’un des personnages de Stray Dog…
Stray Dog Kerberos, le maitre et son chien…
Stray Dog Kerberos Panzer Cops est assez particulier, néanmoins, ceux qui connaissent l’univers et le style de Mamoru Oshii ne seront pas trop dépaysés. C’est un film assez lent et contemplatif, donc pour les personnes qui souhaitent de l’action soutenue et des effets spéciaux bien présents, passez votre chemin, j’oserais dire. Mamoru Oshii, aime prendre le temps de laisser vivre ses prises de vue ; travelling lent afin que l’atmosphère poétique des lieux s’insinue en nous au travers d’une musique énigmatique signée Kenjy Kawaï ; imprégnation de l’intimité des personnages sur la pellicule lors de moments anodins prolongés à l’excès ; extension de l’action des combats dans l’instant pour la figer dans des poses esthétiques et symboliques… Ces trois phases représentent le déroulement du film. C’est vraiment beau, même si un petit coup de vieux par endroit se fait sentir. Cadrage, réalisation, design et musique sont soignés et empreints d’une vraie identité, propre au réalisateur. Durant 1 h 40, Mamoru Oshii n’hésite pas à passer d’une scène pesante, voire absconse, à des instants plus légers, voire carrément cocasses… On aimera ou pas du tout…
Stray Dog, ”chien errant” en français, relate exactement cette allégorie, celle d’un soldat, le chien, attaché à son supérieur, le maitre. Tout le long du film, cette métaphore sera omniprésente dans les dialogues et les images, avec cette portée philosophique propre à Mamoru Oshii qui nous fait réfléchir sur nos civilisations et nos propres conditions. Inui, qui errait depuis l’abandon de Koichi, s’en va à sa recherche afin de pouvoir retrouver un but dans sa vie de vagabond, mais chemin faisant, ses diverses rencontres, ainsi que leurs retrouvailles, vont se révéler à lui comme une découverte de sa propre identité et de son indépendance… Le film développe cette réflexion sur fond de thriller, Les Officiels cherchant à retrouver Koichi pour s’en débarrasser définitivement ; pour ce faire, ils vont envoyer une police secrète sur sa piste en se jouant de Inui, l’appât parfait pour mener à bien leur mission…
Pour conclure, si ce n’est pas déjà fait, je conseille dans un premier temps de débuter par Jin-Roh, une animation superbe au scénario rondement mené et s’achevant sur un twist final magnifiquement dur et poignant ; ainsi, vous plongerez dans l’univers des Kerberos de la plus belle des manières en souhaitant surement découvrir alors Stray Dog Kerberos et The Red spectacles…