Vin Diesel a toujours voulu travailler dans le cinéma. Après avoir réalisé son court-métrage, Multi-facial, qui est une sorte de carte de visite de sa palette de jeu, il est passé au long avec ce film nommé Strays. Qui est clairement classé comme indépendant, avec un budget de ... 47000 dollars (!), que Vin Diesel a entièrement produit en travaillant durant une année comme vendeur téléphonique. Bref, il a clairement mis ses tripes dans ce projet, qui est à cent mille lieues de ce qu'on connait du personnage bourrin.
Il joue un dealer dont sa principale occupation est de ne rien faire. Il glande avec ses potes, joue aux jeux vidéo, se bagarre, et saute toutes les filles qu'il croise. Mais sa vie va se transformer en rencontrant lors d'une soirée une jeune femme à l'opposé de ce qu'il est ; une oie blanche. Ce qui ne va pas manquer d'être raillé par ses amis, qui le trouvent changé, mais rien n'y fait ; il a trouvé une raison de vivre.
Compte tenu du budget et de ce qu'on connait plus tard de l'acteur, je dirais que Strays est un miracle. Ça reprend beaucoup le cinéma de Scorsese ou de Spike Lee, avec cet environnement New-Yorkais, où la tchatche est comme une arme, et la drogue un moyen de se faire respecter, sans doute une réminiscence de la jeunesse de Vin Diesel, mais je trouve qu'il y a une spontanéité de la part de ces acteurs que je trouve rafraichissante. On voit bien que ça n'est pas forcément bien joué, la plupart des gens devant la caméra étant des potes de Vin Diesel, qu'on retrouvera d'ailleurs dans certains de ses films, le seul qui sera connu sera Mike Epps. La mise en scène semble parfois elle aussi hésitante, notamment une scène de bagarre bizarrement cadrée, mais face à la sincérité évidente du réalisateur, qui semble avoir mis son cœur et son âme comme jamais, au point qu'il va se mettre à pleurer dans une scène où il se rend compte du gâchis de son existence, que, qu'importe les défauts, à un moment donné, ça me touche.
D'ailleurs, le film sera fortement reconnu lors de son passage à Sundance, et tapera dans l’œil d'un certain Steven Spielberg qui demandera à ce qu'on écrive un rôle spécialement pour Vin Diesel dans Il faut sauver le soldat Ryan, lançant pour de bon sa carrière.
Pour ceux qui jugeraient, à raison, la carrière de l'acteur comme négative, je vous conseille de voir Strays, d'ailleurs son seul film en tant que réalisateur, car on voit que Vin Diesel a une palette bien plus large qu'on le pense, et qu'il n'exploitera que trop peu par la suite.