Petit gangster de Boston dans les 70s, James "Whitey" Bulger devint grâce à une alliance avec le FBI un gros caïd de la ville dans les années qui suivirent. Le personnage avait déjà vaguement inspiré Scorcese pour "The Departed". Ici, Scott Cooper cherche à se rapprocher des faits réels, et dévoile cette relation vénéneuse entre un criminel ambitieux, et un agent du FBI qui va vite privilégier son ami d'enfance plutôt que son intégrité.
C'est cette partie dramatique qui est la plus intéressante, l'intrigue autour de la montée en puissance du gangster étant bien menée, mais conventionnelle et sans surprise. Le réalisateur exploite un casting solide, avec Joel Edgerton en agent trouble, ou Benedict Cumberbatch en politicien qui se veut noble. Mais c'est Johnny Depp qui se taille la part du lion. Après s'être fourvoyé dans divers cabotinages dans les années 2010, l'acteur, transformé par le maquillage, incarne à merveille un criminel glaçant, froid, et violent. Sans révolutionner le cinéma sur la mafia, "Black Mass" est un polar de bonne facture à la mise en scène soignée.