Johnny Depp n'est que très rarement aux manœuvres de la production et de la réalisation d'un projet cinématographique, à part lorsqu'il s'agit de mettre en scène les clips de son ex femme, Vanessa Paradis.
En général, il préfère se laisser diriger, habiller et maquiller par d'autres. Pourtant, lorsqu' un nouveau film sort en salle et qu'il fait partie du casting, son statut de star internationale masque les autres postes du projet. D'autres acteurs et actrices disposent de ce même statut mais ils ne sont pas légion à Hollywood (Tom Cruise, Leonardo Di Caprio, Will Smith...)
Celui-ci, partage évidemment l'écran avec d'autres rôles (premiers ou seconds), mais Johnny Depp reste en général l'argument promotionnel et bien souvent artistique principal.
La « Depp's Touch » consiste à se transformer physiquement pour un personnage.
Dans Strictly Criminal, pour la version française, il est grimé en gangster Irlandais psychopathe sans foi ni loi, James J. Bulger, capable de faire assassiner et d'assassiner des cohortes d'hommes et de femmes et d'aller tranquillement dîner en famille avec sa mère et son frère politicien à la fin de la journée.
Il nous fait nécessairement penser à un Tommy de Vito (personnage interprété par Joe Pecci dans les Affranchis) qui aurait gravi les échelons s'il ne s'était pas fait « whacked » pensant recevoir une promotion.
Gangster et indicateur pour le FBI à la fois, il accomplit ses méfaits en toute impunité jusqu'au jour où...
Johnny Depp s'essaie une fois de plus à un rôle de gangster comme dans Blow ou Public Enemies, avec une variante puisqu'il interprète ici un criminel sanguinaire. Pour ce faire, il applique une fois de plus sa méthode transformiste et se fait la coiffure de Guy Marchand, se noircit les dents, porte des lentilles lui donnant un regard vide, assez proche du regard des zombies de The Walking Dead et affiche une mine renfrognée de tueur glacial.
C'est avec cet attirail qu'il tente de nous convaincre qu'il est une ordure de premier ordre.
Malheureusement, il ne suffit pas de froncer les sourcils et de serrer les dents en portant le même survêtement de voyou tout au long du film pour incarner un psychopathe d'envergure. Il manque une profondeur à son personnage qui occupe tout l'espace, qui n'est jamais remplis ni par la mise en scène ni par le jeu de Johnny Depp.
Le metteur en scène peine à fluidifier l'histoire qu'il tente de nous raconter en insistant ad nauseam sur les meurtres en cascade commandités par Bulger.
Selon moi, il est bien plus crédible dans les rôles de personnage fragile en coiffeur mutant ou en réalisateur de navets dans les films de Tim Burton (de Edward aux mains d'argent jusqu'à Sleepy Hollow inclus en passant par Ed Wood), en journaliste survolté dans Las Vegas Parano ou en chasseur de livres rares dans La Neuvième Porte.
Il y laisse s'exprimer toute sa sensibilité et ne requiert pas de déguisement trop appuyé comme dans ses récents projets.
A ce titre, Strictly Criminal, ne présente pas d'intérêt majeur à moins d'être un grand fan de Johnny Depp et de son goût pour le travestissement.