Troisième et dernier volet de la trilogie entamée avec Chained et Beloved, Stripped continue d'explorer avec la même crudité, le même réalisme et la même virtuosité la violence des rapports sociaux et humains, cette fois non pas à travers l'histoire d'un couple, mais à travers les portraits croisés mais finalement liés d'une jeune écrivaine à succès et d'un adolescent introverti.
Si chaque scène a un intérêt propre principalement du à la justesse qui s'en dégage grâce à ses acteurs non-professionnels et son esthétique naturaliste, ce n'est qu'à la fin que nous est révélée la subtile construction grâce au montage non-linéaire qui suit non pas une logique chronologique mais sensorielle et presque théorique, dans le sens où on voit le piège et la chape de plomb de la société se refermant impitoyablement sur les personnages en même temps que le récit se referme sur lui-même. (Je reste volontairement allusif pour ne pas spoiler)
Décrivant avec précision les tares d'une société (vide affectif, injonctions à la masculinité, militarisme, inconscient collectif colonisé par un hédonisme marchand) qui laisse émerger les pires instincts humains, ce volet succède brillamment à la peu convaincante deuxième partie, mais perd en intensité par rapport au premier ce qu'il gagne en radicalité formelle, et échappe à toute lourdeur démonstrative en privilégiant l'expérimentation sensorielle - par la distorsion de l'image et du son avec le montage - à la théâtralité des scènes, et arrive paradoxalement à une impression de réalité qui met le spectateur K.O à l'issue de ces deux heures.
A voir donc. Sans forcément avoir vu les précédents volets, mais en ayant de préférence le cœur bien accroché.