Après un essai dans la science fiction apocalyptique avec son dernier combat ayant eu un impact inespéré au festival d’Avoriaz, Besson revient avec Subway et des acteurs plus bankables. Ce fût le carton plein pour l’époque car il obtint la reconnaissance nationale qu’il souhaitait avec les nombreuses nominations et prix obtenus aux Césars de 1986. Avec le Grand Bleu, il franchira une autre étape…
Mais je reviens à son premier film en couleur avec la participation surprenante d’Isabelle Adjani. Dès 1985, elle avait déjà une reconnaissance internationale et ses derniers films (Mortelle Randonnée et L‘été meurtrier) avaient eu de bons retours. Elle interprète le rôle féminin principal : Héléna, une femme cherchant à retrouver ce qu’on lui a volé, tout en souhaitant s'échapper de sa vie monotone.
C’est d’ailleurs sa présence qui permettra au film d’exister. Je pense que Besson sera éternellement reconnaissant à cette actrice dont il a réalisé, également, son clip Pull Marine, dans lequel on retrouve son amour pour l’eau et la mer. Il est d’ailleurs amusant de constater que la couleur du titre du film soit la même que les yeux de son actrice. Cela doit être sa couleur fétiche. Il suffit de voir le logo EuropaCorp pour finir d’être convaincu. Son personnage dégage une belle énergie à travers des tenues extravagantes pour se balader dans les entrailles du métro parisien. L’exubérance arrivera à son paroxysme avec sa coiffure à l’iroquois. Mais ce ne sera pas le seul délire capillaire du film car Christophe Lambert en fera aussi les frais.
En effet, ce dernier, tout juste sorti de son rôle de Tarzan dans Greystoke, se retrouve affublé d'un smoking avec une chevelure peroxydée, inspirée de celle du personnage de Sting dans Dune. Le succès du film de Hugh Hudson va booster le succès du film permettant au réalisateur d’avoir une meilleure visibilité auprès du grand public. Il joue Fred, un voleur, découvrant l’univers nocturne et caché du monde souterrain du métro parisien. C’est un des points forts du scénario en montrant un aspect méconnu d’un lieu que l’on pense connaître. Petite pensée à tous les parisiens qui vont lire cette critique.
L’incompétence de la police pour l’arrêter est un élément comique du long métrage, notamment lors de sa présentation en surnombre pour commencer leur service. Parmi l’effectif rattaché au Ministère de l’Intérieur, nous avons Jean Pierre Bacri, en inspecteur « Batman », jouant au jeu du chat et de la souris avec le personnage de Christophe. Son gimmick du personnage râleur est déjà présent. Sans oublier le grand Michel Galabru, en commissaire accro au café, se révélant plus malin que tous les autres.
Deux autres Jean vus dans le dernier Combat reprennent du service : Reno, en batteur pas très causant (encore !), finement appelé « Baguettes », et Bouise, en chef de station. Il y a aussi Richard Bohringer en fleuriste sympathique. Et pour finir, un acteur commençant à percer après sa prestation remarquée dans l’homme blessé du regretté, Patrice Chéreau : Jean Hugues Anglade, en roller débrouillard, avant de décoller définitivement avec 37°2, l’année suivante.
Ces acteurs nous font découvrir une galerie de personnages attachants, vivants perpétuellement dans les stations du RER, car la quasi-totalité du film se déroule sous la surface de la Terre. La présence d’Helena va avoir une certaine influence sur Fred au point de vouloir changer de vie, en devenant manager d’un groupe de musiciens, mais son passé va le rattraper.
Malgré ce casting très étoffé par rapport à sa première incursion devant la caméra, ce qui m’a le plus marqué ce sont les décors dont le César remis à Alexandre Trauner est mérité et la chanson It’s Only Mystery (♥♥♥) interprétée par Arthur Simms. Cette dernière écrite par Corinne Marienneau, du groupe Téléphone, servira de campagne de publicité pour le film. Même, le compositeur fétiche de Luc, Eric SERRA apparaît en tant que bassiste dans sa première et dernière apparition devant la caméra.
Côté mise en scène, les scènes de poursuite et d’exploration dans le métro sont les plus intéressantes. Le début préfigure de ce qu’allait devenir le film Taxi avec ses plans sur le périph parisien. Besson continue d’imprimer son style cinématographique dans la rétine du spectateur, en couleur, cette fois, même si l’ensemble me laisse sur ma faim. Il ne me reste plus qu’à plonger dans le Grand Bleu version longue. A suivre.