Peggy s'est mariée

J'ai eu la référence de ce film dans le coffret Hammer 2 "Sex & blood - 1970-1976" en même temps que Blood from the mummy's tomb qui n'était pas trop mal et To the devil a daughter que je n'ai pas encore vu.

J'ai vraiment préféré celui-là à Blood from the mummy's tomb que j'avais quand même trouvé trop lent ... Il faut croire que j'aime ce genre de film où un personnage féminin est confronté à l'incrédulité et l'indifférence des autres (je pense à Rosemary's baby, Let's scare Jessica to death, the sentinel ou encore Shock de Mario Bava). Elle finit par sombrer dans la folie et la paranoïa, les rêves se mêlent à la réalité, brouillent les pistes ...

J'aime aussi les histoires de manipulation et de conspiration contre un seul personnage qui se trouve impuissant face à un plan bien échaffaudé (voilà pourquoi j'ai vraiment adoré Rosemary's baby)

Dans ce film là, on a littéralement une première partie consacrée à de l'horreur psychologique comme j'ai décrit en premier, puis une seconde partie consacrée à la révélation et la mise en échec d'un complot comme j'ai évoqué en deuxième. J'étais donc conquis.

L'actrice Judy Collins est attachante, elle exhale l'innocence et la pureté. Tous les autres acteurs sont aussi bons : Peter Cushing (le general Apfelglück de Star Wars) est vraiment effrayant, notamment quand il lui demande de lui détacher les cheveux.

Sa femme, Joan Collins, est méchante aussi et il n'y a aucun doute là-dessus. Apparemment, je les avais tous les deux vus dans Tales from the crypt de 1972 (elle joue dans le premier sketch avec le père noël tueur, et lui dans le sketch où un vieil homme philanthrope est tué par son voisin et revient hanter ce dernier) mais je ne m'en souvenais plus ...

Ralph Bates , le mari Robert, est convaincant aussi. Étant donné qu'il y a quatre personnages dont deux franchement menaçants et une folle (ou plutôt "unreliable", comme dirait les anglophones, puisqu'elle sort d'une sorte dépression paranoïaque), il incarne la stabilité mentale et la sécurité non seulement pour Peggy mais aussi pour le spectateur (même si dès qu'il a dit qu'il aimerait avoir un dixième de la fortune du vieux, on a compris ...)

On a donc quatre personnages dans un seul décor et on n'a confiance en aucun d'entre eux.

J'ai vraiment trouvé ça bien écrit et bien rythmé par rapport aux quelques autres films anglais de la même époque que j'ai pu voir. Celui-là ne perd pas son temps et ne s'étire pas en longueur, ce qui a pu être le cas avec Tales from the crypt et Blood from the mummy's tomb par exemple. J'avais notamment peur qu'on ait droit à l'agression filmée de la même manière trois ou quatre fois et que ça s'essouffle (en soi, dès la première, puisqu'aucun mal n'est fait à Peggy, la menace et l'angoisse sont un peu amenuisées, mais enfin on se demande quand même pourquoi ce type la harcèle et l'a suivie jusque-là). Mais non, les personnages ne sont pas stupides et le spectateur n'est pas pris pour un imbécile ; la vierge effarouchée prend les armes et choisit de se défendre.

J'ai beaucoup aimé le dernier acte, le dénouement m'a fait penser à Scream. On abandonne l'horreur psychologique (voire le fantastique avec ce Peter Cushing qui résiste aux "balles") et tout est expliqué de manière rationnelle, comme dans un bon roman noir à l'ancienne.

Pour ce qui est dans la mis en scène, effectivement ce n'est pas très inventif, original ou ambitieux ... Je signalerais toutefois certaines astuces de montage, les séances de psy insérées ça et là de manière astucieuse, et surtout le fait qu'il n'y ait aucune musique (ou du moins pas que je m'en souvienne) jusqu'à la course poursuite ... Ça participe de l'atmosphère oppressante du film, qui est sa force principale avec ses acteurs !