Même si le film a triplé ses frais au box-office, il n’a pas connu un succès critique à sa sortie. D’ailleurs, il n’a obtenu que deux nominations à la 31e cérémonie des Oscars, une pour le son et l’autre pour la direction artistique. Soixante ans plus tard, plusieurs cinéphiles considèrent ce film comme un chef-d’œuvre jusqu’à le mettre au sommet d’un top 100. Comment expliquer ce revirement? Il y a dans toutes les œuvres d’Hitchcock un potentiel Vintage. Cela passe souvent par le gros fil qui tisse le thriller ou par la naïveté des effets utilisés pour tourner certaines séquences, dont plusieurs d’entre elles sont devenues des pièces d’anthologie. Le scénario inspiré d’un roman de Boileau-Narcejac est alambiqué mais efficace. Le mystère qui se dégage de la filature qui occupe la première partie du film fait en sorte que le spectateur se sent pratiquement assis sur le siège du passager. La séquence dévoilant le crime arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, mais cela fait partie de la méthode du réalisateur. Lui et James Stewart forment un duo parfait puisque les deux abordent le cinéma et l’interprétation comme un jeu. Même dans les situations les plus dramatiques, Stewart semble toujours jouer avec un clin d’œil. Ce qui le rend si génial. Sa partenaire Kim Novak perce l’écran, mais n’a pas su apporter les nuances nécessaires lorsqu’elle retrouve l’identité de Lucie. Si cela avait été le cas, le film aurait pu monter d’un cran… mais de là à devenir le plus grand chef d’œuvre de la cinématographie…