Contrairement aux intrigues courantes d'Hitchcock, celle qu'introduit "Sueurs froides" n'a pas de motif policier ni criminel, Lorsque l'ex-flic Ferguson entreprend, à la demande de l'époux, la filature d'une jeune femme, ce n'est pas pour découvrir une quelconque culpabilité mais pour comprendre le comportement étrange de Madeleine.
Longtemps, le suspense du film n'est "que" psychologique, et il faut attendre la dernière partie du film pour que l'énigme change de nature et prenne un autre tour. Encore que le cinéaste s'intéresse avant toute chose, indépendamment de l'ingéniosité scénaristique du dénouement, à la partition psychanalytique passionnante qu'il décline à travers
l'amour fou
que Ferguson éprouve désormais pour Madeleine. Hitchcock est assez habile pour faire ressentir l'intense et émouvante passion de son personnage. Le sujet principal du film -adapté d'un roman de Boileau-Narcejac, cocorico!- est le détective et pas sa cible.
En soi, cette direction que prend le film, avec ses méandres psychologiques d'une grande richesse dramatique, est probablement plus intéressante que le mystère autour de Madeleine -duquel le réalisateur feint de se préoccuper dans la majeur partie du film- parce qu'on y sent l'intérêt profond et supérieur que lui porte Hitchcock.