Tout a commencé à une réunion de famille.
J'étais pas prêt. Quand j'ai découvert ce film, j'étais pas prêt. Je m'attendais pas à ça.
C'est mon frangin qui m'a fait regarder ce film. Enfin, ce documentaire. Déjà ça m'enchantait moyennement, parce qu'à l'époque les documentaires j'en voyais quasiment jamais. Sans doute que je regardais pas les bons. En tout cas, il a réussi à me caler devant la télé, le documentaire lancé, un soir d'hiver. Et sans me dévoiler pourquoi selon lui c'était génial. L'est fort le bougre.
Pour être complètement honnête, j'étais un peu distrait sur le début. Je suivais d'une oreille moyennement attentive. Puis petit à petit, la musique m'a attrapée, elle m'a fait coller mes yeux à l'écran. Alors j'ai commencé à vraiment suivre l'histoire qui nous était racontée. Celle de Sixto Rodriguez, génie de la musique inconnu, dont la légende raconte qu'il s'est immolé sur scène après un concert raté dans un bouge. Ou tiré une balle dans la tête. On ne sait pas en fait. Et c'est d'ailleurs ça le but du documentaire.
Searching for Sugar Man en fait, c'est Searching des témoignages pour élucider sa mort.
De fil en aiguille, d'avis dithyrambique en avis dithyrambique, l'enquête est menée. Elle avance, petit à petit. Elle découvre de petites zones d'ombre à chaque témoignage.
Alors rapidement, on est captivés. Parce que comme dans Inside Llewyn Davis des frères Coen (référence dans le titre de la critique t'as vu), ce qui fascine ici c'est l'échec du génie. Dans l'ombre de Bob Dylan, combien sont passés au travers ?
Comment est-ce possible d'être passés à côté d'un tel artiste ?
Le drame de l'échec. Du si près, mais si loin.
A toi qui lis cette critique, la fin du film va t'être révélée. Spoilers are coming.
Et c'est au moment où je m'apprête à dire à mon frère que c'est quand même pas mal foutu que tout bascule. Que je me prends une gifle dans la tronche, et je l'avais pas vue venir.
KO technique.
Rien ne le laissait penser, rien ne m'y avait préparé. C'est toujours dans ces conditions que les plus gros chocs se produisent.
Rodriguez est vivant. He's alive.
La quête de l'élucidation de sa mort n'a plus lieu d'être. C'est à partir de ce moment que le film devient vraiment Searching for Sugar Man.
Rapidement retrouvé, la dernière partie du film mise sur l'émotion. On est émus de voir cet homme, qu'on ne connaissait pas il y a une heure, mais qu'on aime à présent. Humble, calme. Tranquille.
On est émus de le voir découvrir qu'il est une star en Afrique du Sud.
Sa musique n'a jamais été importante aux Etats-Unis, mais elle a marqué un monde fou en Afrique du Sud. Traverser l'Atlantique pour trouver son public. Ce que sa musique a fait, Sixto le reproduit. Un concert est organisé. Les mots ne peuvent décrire l'intensité des retrouvailles d'un homme, perdu pendant si longtemps, et de son public.
Comme une réunion de famille.