L’histoire improbable de Sixto Rodriguez, un compositeur-interprète folk des 70′s, est l’objet de ce documentaire dont la forme, au départ assez classique (interview de fans, de labels, images d’archives) se teinte rapidement de mystère et de mélancolie, donnant au film des allures de conte de Noël.
Dès les premières interviews, on plonge avec plaisir dans ce que fut le mythe ignoré Sixto Rodriguez : un musicien américain à la Bob Dylan – et non moins talentueux, nous dit-on – dont l’oeuvre (deux albums studio) aurait essuyé un flop monumental dans son pays. L’homme serait donc retourné travailler sur des chantiers, tandis qu’en Afrique du Sud il devint à son insu une énorme super star, si ce n’est une figure christique (d’où le conte de Noël) dont les milliards de fans espéraient la résurrection.
Car oui, des rumeurs laissaient le bon Rodiguez pour mort, certaines lui prêtant une fin tragique (une balle dans la tête, une immolation sur scène), d’autres le faisant disparaître sans aucune trace. La suite, vous la découvrirez au ciné car je m’en voudrais de déflorer ce beau suspense.
Belle histoire donc, contée avec rythme et talent, tant au niveau visuel (alternance d’archives, d’images de synthèse rêvées et de matériel d’enquête) que littéraire (le film laisse la place nécessaire aux chansons de Rodriguez et on écoute les paroles avec attention). Le tout baignant dans une ambiance assez particulière grâce à l’évocation poétique de Detroit, la ville dont Rodriguez est originaire : on imagine à merveille la brume du fleuve, Sixto de dos dans un bar, rendu invisible par les volutes de fumée, ….
En conclusion : un beau moment, deux albums à découvrir si ce n'est déjà fait : Cold Fact (1970) et Coming from Reality (1971) et avouons-le, une belle leçon d’humilité.