J'ai beaucoup aimé. Ne le regardez pas.
Vous l'aurez compris en lisant la description, les autres critiques, etc., Suicide Club montre une vague de suicides collectifs violents au Japon, et l'enquête autour d'un potentiel lien entre ces suicides.
Je ne m'attarderai donc pas sur le scénario, qui ne fait que s'obscurscir d'un bout à l'autre du film ou la mise en scène, qu'on trouvera géniale ou complètement racoleuse, avec sa musique grandiose, ses hectolitres de sang et ses plans longs, explicites, parfois durs à supporter sur les différentes mises à mort.
J'ai apprécié Suicide Club, son regard nihiliste sur le suicide au Japon (il vaut d'ailleurs mieux s'informer sur les différences culturelles avant de voir le film), etc., mais je n'écris pas cette critique pour vous parler de ça.
Je vous écris ceci pour vous conseiller de NE PAS REGARDER SUICIDE CLUB.
Pourquoi ? Suicide Club est un film plein d'intention. Il veut montrer, il veut marquer, il veut choquer, mais il ne veut pas apporter de réponse. Et Sion Sono n'y va pas du dos de la cuillère : son film est obscur, trop obscur.
Ce n'est pas moi qui le dis, c'est lui-même, dans sa suite, Noriko's Dinner Table (Requiem pour Noriko).
Noriko's Dinner Table n'est pas une suite : elle explique les intentions de Suicide Club, en s'attardant sur l'échelle macroscopique. Mais Noriko ne répond à aucune des questions scénaristiques de Suicide Club : elle les met de côté en leur apportant une réponse totalement incohérente (pour peu qu'on aie vu Suicide Club), en les rendant insignifiantes.
Ainsi, Sion Sono nous demande lui-même d'oublier son premier film, pour mieux comprendre son propos. Et c'est ce que je vous conseille également. Vous n'avez aucunement besoin d'avoir vu Suicide Club pour regarder Noriko, et cela risquerait même de vous compliquer la compréhension pour ABSOLUMENT RIEN. Ce sont deux oeuvres à part.
Et Noriko est un splendide film, obscur lui aussi, mais passionnant et beaucoup plus fort, sur les problèmes de société actuels au Japon.
Regardez Noriko's Dinner Table. Après, si ça vous chante, faites-vous Suicide Club, pour sa mise en scène incroyablement osée, pour son énigme insoluble, pour tous les sentiments de peur, de dégoût et en même temps de curiosité qu'il fait surgir ; mais n'essayez pas de voir de lien entre les deux. Noriko est une oeuvre de maturité, qui coupe le cordon de Suicide Club, et tout est mieux ainsi.
(P-S : Cette critique est peut-être un immense ramassis de conneries, et je le sais en l'écrivant, étant donné que Sion Sono a écrit un livre (Suicide Club : The Complete Edition) regroupant les évènements des deux films. Mais en attendant, Noriko reste une oeuvre indépendante et fascinante, et je maintiens mon conseil de vous jeter dessus, avant de passer à celle-ci.)